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drans, de toutes dimensions. La ligne de l’Ouest a un système analogue, à chacune de ses stations de Paris à Laval. La gare du chemin de fer de Paris à Lyon est réglée de cette façon, avec les horloges électriques de M. Bréguet, dont nous avons donné plus haut la description et la figure. L’heure est même envoyée à la gare des marchandises, à Bercy, après un parcours de plusieurs kilomètres. Les stations du chemin de fer d’Auteuil, la gare de Bordeaux, sur les chemins du Midi, la maison impériale de Charenton, reçoivent l’heure de cette manière. Dans l’Hôtel du Louvre à Paris et dans le Grand Hôtel, les horloges marchent par l’électricité.

Les différents essais partiels que nous venons de rappeler, montrent la voie qui reste à suivre. Il faudrait appliquer sur une grande échelle, dans l’intérieur de Paris, ce système commun de transmission du temps, dont l’expérience a démontré suffisamment aujourd’hui et la possibilité et les avantages. Installée à l’Hôtel-de-ville, au Louvre ou à l’Observatoire, une horloge régulatrice pourrait distribuer simultanément l’heure et la minute, à des cadrans publics exposés dans les principaux quartiers de la capitale. Bientôt, peut-être, cet admirable système pourrait s’étendre à chaque rue, et même à toutes les maisons et à tous les étages de chaque maison. Des expériences ultérieures détermineraient les conditions les plus convenables à adopter, pour proportionner l’intensité du courant de la pile voltaïque à l’étendue considérable et à la multiplicité des conducteurs métalliques que nécessiterait le développement de ce service. Les piles de relais, dont on fait usage dans la télégraphie électrique, serviraient à renforcer, de distance en distance, l’action électro-magnétique sur un groupe de cadrans. Le conducteur principal et ses embranchements secondaires pourraient être enfouis sous le sol, étant revêtus d’un enduit isolant de gutta-percha ou de bitume, comme on l’a fait dans plusieurs pays, pour les fils des télégraphes électriques. Ces conducteurs du temps pourraient aussi être suspendus à la voûte des égouts, côte à côte avec les conducteurs de la lumière et de l’eau.

En 1852, une proposition dans ce sens fut adressée, par M. Paul Garnier, au conseil municipal de Paris. Voici le plan que lui soumettait cet honorable horloger pour doter la capitale de l’invention qui nous occupe.

On aurait placé à l’Observatoire, l’horloge-type destinée à faire rayonner les heures dans toutes les directions. Un fil de fer, recouvert de zinc, comme les fils conducteurs de nos télégraphes, partant de l’un des pôles de la pile, se serait rattaché successivement aux divers édifices communaux, pourvus de cadrans, sur lesquels l’heure devait être signalée. Après avoir relié ensemble tous ces cadrans, ce conducteur serait revenu se rattacher à l’autre pôle de la pile, à l’Observatoire.

Quant aux points qui auraient pu être choisis pour y placer les cadrans électriques, M. Garnier proposait de tendre un premier fil de l’Observatoire à l’Hôtel-de-ville, en touchant au Val-de-Grâce, à l’église Saint-Jacques du Haut-Pas, à la mairie du 12e arrondissement, au lycée Louis-le-Grand, à la Sorbonne, à la tour de l’Horloge du Palais-de-justice, pour revenir enfin, par un dernier fil, à l’Observatoire.

Cette proposition fut soumise au conseil municipal, qui la renvoya à l’examen du comité d’architecture. Après examen, le comité d’architecture fut bientôt converti à cette invention admirable. Un mémoire fut rédigé par l’un des membres de ce comité, et adressé au préfet de la Seine. Dans ce rapport, on proposait certaines modifications au projet de M. Garnier.

La modification principale consistait à établir l’horloge-type destinée à servir de point de départ et de centre au nouveau système, sur l’un de nos monuments les plus remarqua-