Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 2.djvu/422

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bles, sur la tour Saint-Jacques-la-Boucherie, si bien placée dans le splendide panorama de la capitale.

La tour Saint-Jacques a aujourd’hui 56 mètres de hauteur. Le comité d’architecture proposait d’établir, au sommet et sur les quatre faces de cette tour, quatre cadrans transparents, de 3 à 4 mètres de diamètre, qui, de jour et de nuit, auraient indiqué l’heure aux habitants des quartiers les plus éloignés. Ces cadrans auraient été mus par l’horloge-type, placée elle-même au rez-de-chaussée du monument. C’est de ce point central que seraient partis tous les conducteurs métalliques destinés à faire rayonner l’heure sur les cadrans des horloges placées au front des principaux édifices parisiens.

M, Bréguet, de son côté, proposa un autre projet. Il pouvait arriver, en effet, avec le plan qui vient d’être exposé, que l’heure cessât de parvenir subitement dans toute la ville par la rupture d’un seul fil conducteur. Rien de semblable n’est à craindre dans le système de M. Bréguet qu’il exposait en ces termes :

« Je divise Paris en douze rayons électriques ; je place dans la mairie de chacun des arrondissements un régulateur-type qui distribue l’heure aux quatre quartiers composant un arrondissement. Réglé chaque semaine, mon régulateur ne me donne qu’un retard de quelques dixièmes de seconde, et, comme le régulateur-type envoie son mouvement électriquement aux pendules de l’arrondissement, j’ai donc l’heure également uniforme dans chacun des quatre quartiers, par suite dans les douze arrondissements ou dans les quarante-huit quartiers de la ville de Paris. Si, ce qui peut arriver, ce qui arrivera, des dérangements se produisent, ils seront facilement et promptement réparés. Il n’y aura jamais qu’un quartier qui pourra manquer, ou encore quelques horloges d’un quartier. »

Tels sont les plans qui furent soumis en 1852 à l’examen du préfet de la Seine. Depuis cette époque, on n’en a plus entendu parler. Il importerait aujourd’hui de reprendre cette question, et de la soumettre à des études sérieuses, en appelant tous les artistes et constructeurs français et étrangers à concourir à sa solution. Cette grande et belle tentative ferait honneur à la France ; elle serait digne de Paris, la capitale du progrès.

La province a donné, sous ce rapport, un excellent exemple à la capitale. Depuis 1856, on a installé, à Marseille, plusieurs horloges électriques. C’est à M. Nolet, qui avait établi à Gand des horloges à l’aide du même système, que la municipalité de Marseille s’est adressée pour ce travail. Les horloges électriques de Marseille sont disposées, comme celles de Gand, dans les lanternes à gaz ; leurs indications apparaissent ainsi à toute heure du jour et de la nuit. Leur établissement a coûté à la ville 22 000 francs, et leur entretien revient à 2 000 francs par an.

Enfin, on a installé à Alger un appareil électrique qui communique le mouvement aux aiguilles d’un cadran placé au sommet de l’hôtel de la Régence, et de là à un nombre plus ou moins considérable d’autres cadrans répartis dans la ville.

La principale difficulté qui s’oppose à l’adoption de l’horlogerie électrique, c’est la cherté de l’entretien des appareils, comparée au bon marché relatif des horloges et des pendules ; et voici la raison de la cherté de leur entretien. Tandis que les télégraphes électriques, les sonneries électriques, etc., ne consomment de l’électricité qu’à de rares intervalles, l’horloge électrique donne un signal à chaque demi-minute, et nécessite ainsi une grande dépense d’électricité.

Telle est, du moins, l’objection que la routine ou l’intérêt de l’horlogerie mécanique opposent à l’emploi général de l’électricité comme moyen de mesure de temps. Elle ne nous paraît pas insurmontable.


Nous arrivons à la manière de faire agir