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troduisit, avec précaution, dans son intérieur, un fer à souder rougi au blanc. Aussitôt la petite machine se gonfla, et s’éleva au plafond de l’appartement. Il fut ainsi bien démontré que la raréfaction de l’air par la chaleur était la seule cause du phénomène, et l’on cessa de donner le nom fort impropre de gaz Montgolfier au mélange gazeux qui déterminait l’ascension.

Fig. 257. — Joseph Montgolfier.

C’est à Avignon que les frères Montgolfier firent le premier essai d’un petit appareil fondé sur les principes qui viennent d’être expliqués. Au mois de novembre 1782, Étienne Montgolfier construisit un parallélipipède creux, de soie, d’une très-petite capacité, puisqu’il contenait seulement deux mètres cubes d’air ; et il vit, avec une joie facile à comprendre, ce petit ballon s’élever au plafond de sa chambre. De retour à Annonay, il s’empressa de répéter l’expérience avec son frère. Ils opérèrent en plein air avec ce même appareil qui s’éleva devant eux à une grande hauteur.

Encouragés par ce résultat, les frères Montgolfier construisirent un ballon plus grand qui pouvait contenir vingt mètres cubes d’air. Ce nouvel essai réussit parfaitement ; la machine s’éleva avec tant de force qu’elle brisa les cordes qui la retenaient, et alla tomber sur un coteau voisin, après avoir atteint une hauteur de trois cents mètres.

Dès lors, certains du succès, ils se mirent à construire un appareil de grande dimension, et résolurent d’exécuter, sur une des places de la ville d’Annonay, une expérience solennelle, pour faire connaître et constater publiquement leur découverte.

Cette expérience eut lieu le 4 juin 1783, en présence de la ville entière. L’assemblée des états particuliers du Vivarais, qui siégeait en ce moment dans la ville d’Annonay, assista en corps à cet essai mémorable.

La machine aérostatique avait douze mètres de diamètre ; elle était faite de toile d’emballage doublée de papier. À sa partie inférieure, on avait disposé un réchaud de fil de fer, sur lequel on brûla dix livres de paille mouillée et de laine hachée. Aussitôt elle fit effort pour se soulever, on l’abandonna à elle-même, et elle s’éleva aux acclamations des spectateurs. Elle parvint en dix minutes, à cinq cents mètres de hauteur ; mais, comme elle perdait la plus grande partie de l’air chaud, par suite de la perméabilité de la toile et du papier, on la vit bientôt redescendre lentement vers la terre.

Un procès-verbal de cette belle expérience, fut dressé par les membres des états du Vivarais et expédié à l’Académie des sciences de Paris. Sur la demande de M. de Breteuil, alors ministre, l’Académie nomma une commission, pour prendre connaissance de ces faits. Lavoisier, Cadet, Condorcet, Desmarets, l’abbé Bossut, Brisson, Leroy et Tillet, composaient cette commission.

Étienne Montgolfier fut mandé à Paris et prévenu que l’expérience serait répétée prochainement aux frais de l’Académie.

La nouvelle de l’ascension d’Annonay, répandue bientôt dans tout Paris, y causait une impression des plus vives. La curiosité du