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Fig. 265. — Troisième voyage aérien exécuté à Lyon, le 5 janvier 1784, avec la montgolfière le Fleselles (page 451).


Partez, volez, cherchez, dans les plaines d’azur,
Un air moins variable, un horizon plus pur ;
Glissez d’un vol léger sur les terres australes,
Jouez-vous au milieu des flammes boréales ;
Ces champs de l’atmosphère autrefois interdits,
Ouverts par vos efforts, vont nous être soumis ;
Agrandissez l’enceinte à nos aïeux prescrite,
Et du globe atteignez la dernière limite.
Les peuples éperdus vous prendront pour des dieux :
Imitez-les en tout, soyez justes comme eux.
Par la rapidité rapprochez les distances ;
Répandez les bienfaits plus que les connaissances ;
Des sauvages humains adoucissez les mœurs :
Vous les avez instruits, vous les rendrez meilleurs
C’est l’espoir qui me luit : c’est votre destinée
Que j’annonce, en ce jour, à l’Europe étonnée.
J’anticipe les temps, je lis dans l’avenir,
Je prédis les succès dont vous allez jouir.
Vous, timides esprits, pour qui tout est prodige,
Vous, détracteurs jaloux, que tout succès afflige,
Frémissez, mais voyez ce que l’art peut tenter,
Concevez ce qu’un jour il peut exécuter.
N’allez pas à mes vœux alléguer l’impossible ;
Au travail qui s’obstine, il n’est rien d’invincible.
Coox marche au fond des mers, Montgolfier vole aux cieux :
Ouvrez-moi les enfers, j’en éteindrai les feux.
Vous, Charles, vous, Robert, de qui les mains habiles
Trouvent les éléments et les métaux dociles,
Pour un plus grand objet déployez vos talents.
À ce navire heureux, plus léger que les vents,
Hâtez-vous d’ajouter ou la rame, ou la voile.