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faisait alignement à l’arrière ; je le laissai agir seul ; il y parvint en très-peu de temps. Cette expérience a été répétée plusieurs fois, avec le même succès, tournant à droite ou à gauche, à volonté.

Fig. 272. — Guyton de Morveau.

Enfin, nous avons observé qu’il serait utile de placer les rames de l’équateur à l’extrémité d’un axe prolongé d’environ 10 à 12 pouces, pour que, dans aucun cas, leur jeu ne fût gêné par le frottement des cordes sur le ballon, ce qui peut être exécuté tout aussi facilement et de la même manière que le point d’appui du centre de révolution de notre gouvernail, qui se trouve solidement établi à plus de 22 pouces de l’équateur. On y gagnera encore la liberté de donner à la surface des pales de ces rames toute l’amplitude dont elles sont susceptibles, et qui n’avait été bornée que dans la crainte qu’elles ne s’approchassent trop du ballon.

Fait à Dijon, le 15 juin 1784, en l’hôtel de l’intendance, où avaient été invités ceux qui s’étaient trouvés à notre descente, et qui ont bien voulu signer avec nous ce procès-verbal.

Signé : de Morveau et de Virly, et à la suite, de Vesvrotte, Demange, Amelot, le marquis de Sassenay, de Meixmoron fils, Buvoint, prêtre, vicaire d’Étevaux, Lefay, D’Oisilly, Roger, Dumay, échevin perpétuel de Mirebeau, alcade des états de Bourgogne ; Dumay, avocat, juge de Mirebeau ; Lefeubre, conseiller du roi, et Rude. »

On voit que les rames et le gouvernail produisirent quelque effet, quand l’air était tranquille. Mais le vice de ce système, comme celui de tous les innombrables essais du même genre qui furent tentés depuis, c’était l’insuffisance de la force humaine employée comme moteur. Nous retrouverons plus d’une fois, dans l’histoire de l’aérostation, ce même fait, c’est-à-dire l’infinie faiblesse du moteur que l’on a essayé d’opposer, avec la seule force de l’homme, à la formidable puissance des vents. Nous avons rapporté dans tous ses détails la tentative de Guyton de Morveau, comme la plus sérieuse en ce genre et la plus digne d’être conservée à l’histoire.

Le 15 juillet 1784, le duc de Chartres, depuis Philippe-Égalité, exécuta à Saint-Cloud, avec les frères Robert, une ascension qui mit à de terribles épreuves le courage des aéronautes.

Les frères Robert avaient construit un aérostat à gaz hydrogène, de forme très-oblongue, de 18 mètres de hauteur et de 12 mètres de diamètre. On avait disposé dans l’intérieur de ce grand ballon, un autre globe beaucoup plus petit, rempli d’air ordinaire. Cette disposition, imaginée par Meunier, pour suppléer à l’emploi de la soupape, devait permettre de descendre ou de remonter dans l’atmosphère sans avoir besoin de perdre du gaz. Parvenu dans une région élevée, l’hydrogène, en se raréfiant par l’effet de la diminution de la pression extérieure, devait comprimer l’air contenu dans le petit globe intérieur, et en faire sortir une quantité d’air correspondant au degré de sa dilatation. Cette disposition avait été proposée par M. Meunier, plus tard général de la république, et qui a fait un grand nombre de travaux sur l’aérostation. On avait aussi adapté à la nacelle un large gouvernail et deux rames, dans l’espoir de se diriger.

À 8 heures, les deux frères Robert, Collin-Hullin et le duc de Chartres, s’élevèrent du parc de Saint-Cloud, en présence d’un grand nombre de curieux, qui étaient