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s’extravase par leurs artères, et coule par les narines et les oreilles, à une hauteur à laquelle l’homme n’est nullement incommodé.

Fig. 285. — Aérostat de Testu-Brissy, construit en 1785.

M. Poitevin a souvent exécuté ce tour de force à Paris en 1850. Seulement le cheval était attaché au filet par un appareil de suspension, ce qui ôtait tout le danger et tout l’émouvant intérêt de l’expérience. Un cheval de bois eût tout aussi bien fait l’affaire.


CHAPITRE IX

emploi des aérostats aux armées. — le comité de salut public décrète l’institution des aérostiers militaires. — le capitaine coutelle. — arrivée des aérostiers à maubeuge. — manœuvre des aérostats captifs employés aux observations militaires. — les aérostats militaires au siège de maubeuge. — les aérostats à charleroi. — bataille de fleurus.

Jusqu’en 1794, les ascensions aérostatiques n’avaient encore servi qu’à satisfaire la curiosité publique. À cette époque, le gouvernement essaya d’en tirer un moyen de défense, en les appliquant, dans les armées, aux reconnaissances extérieures. Cette idée si nouvelle, d’établir au sein de l’atmosphère, des postes d’observation, pour découvrir les dispositions et les ressources de l’ennemi, étonna beaucoup l’Europe, qui ne manqua pas d’y voir une révélation nouvelle du génie révolutionnaire de la France.

L’histoire est loin d’avoir consacré le souvenir de tous les résultats remarquables obtenus dans l’industrie et les arts, pendant la période de la Révolution française. Les événements politiques ont absorbé l’attention, et remplissent seuls nos annales ; tout ce qui concerne les progrès des sciences et de l’industrie à cette époque a été singulièrement négligé. Aussi, les documents relatifs à l’aérostation militaire sont-ils peu nombreux[1]. On peut cependant s’aider de ces renseignements trop rares, pour préciser quelques faits qu’il y aurait injustice à laisser dans l’oubli.

Dès les premiers temps de la Révolution française, plusieurs propositions avaient surgi, pour appliquer les aérostats aux opérations militaires. Mais comme il ne s’agissait que de ballons plus ou moins dirigeables, on avait fait peu d’attention à ces projets. Les aérostats furent employés, pour la première fois, à la guerre, pendant le siège de Condé, en 1793, par le commandant Chanal, qui chercha à faire passer, par ce moyen, des dépêches au général Dampierre. Par malheur, la tentative alla directement contre le but proposé, car le ballon, porteur des dépêches, au lieu de parvenir à notre général, tomba dans le camp ennemi, et fit

  1. Voici les principales sources à consulter sur l’histoire de l’aérostation militaire : Récit du capitaine Coutelle, dans les Mémoires récréatifs scientifiques et anecdotiques de Robertson, Paris, in-8, 1840, t. II, p. 16-32. — Les compagnies d’aérostiers militaires sous la République, par G. de Gaugler, officier de chasseurs de Vincennes, brochure in-8, Paris, 1857. — Souvenirs de la fin du xviiie siècle, Extraits des mémoires d’un officier des aérostiers aux armées de 1793 à 1799, par le baron de Selle de Beauchamp, in-12, Paris 1853, imprimé à Saint-Germain.