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Fig. 288. — Appareil qui servit à préparer le gaz hydrogène, pour le remplissage de l’aérostat militaire l’Entreprenant.


« Notre travail était fort rude, dit le baron de Selle de Beauchamp, il fallait faire tous les métiers, maçons, charpentiers, serruriers, scieurs de bois ; tout ce dont nous n’avions jamais eu la moindre idée était entrepris et terminé par la seule force de volonté de réussir, et surtout par l’exemple de notre chef, qui se mettait toujours le premier à la besogne, et nous prouvait, en en venant à bout, qu’il n’y a rien d’impossible au zèle et à l’intelligence. Nous étions quelquefois honteux de voir un homme de plus de cinquante ans plus actif et plus infatigable que des jeunes gens de notre âge. »

Nous représentons (fig. 288) l’appareil qui servit à préparer, dans le camp français, le gaz hydrogène nécessaire au remplissage du ballon l’Entreprenant. Contenue dans le vase C, l’eau arrive dans le tube de fonte A ; elle se réduit en vapeurs, et pénètre dans le tube de fonte B, plein de rognures de fer. Là, elle se décompose, et l’hydrogène provenant de cette décomposition suit le tube BD, se lave dans l’eau de la cuve E, et pénètre finalement, au moyen du tube de cuir, G, dans le ballon.

Cependant les différents corps de l’armée ne savaient de quel œil regarder les soldats de la compagnie de Coutelle, qui n’étaient pas encore portés sur l’état militaire, et dont le service ne leur était pas connu. On murmurait sur leur passage des propos désobligeants. Coutelle s’aperçut de cette impression. Il alla trouver le général qui commandait à Maubeuge, et lui demanda d’emmener sa compagnie à la première affaire hors de la place. Une sortie était précisément ordonnée pour le lendemain, contre les Autrichiens, retranchés à une portée de canon. La petite troupe de Coutelle fut employée à cette attaque. Deux hommes furent grièvement blessés ; le sous-lieutenant reçut une balle morte dans la poitrine. Ils rentrèrent dans la place au rang des soldats de l’armée.

Peu de jours après, les équipages porteurs de tout le matériel des aérostats captifs étant arrivés, Coutelle put mettre le feu à son fourneau et procéder à la préparation du gaz. C’était un spectacle étrange que ces opérations chimiques ainsi exécutées à ciel ouvert, au milieu d’un camp, au sein d’une ville assiégée, dans un cercle de quatre-vingt mille soldats. Tout fut bientôt préparé, et l’on put commencer de se livrer à la reconnaissance des dispositions de l’ennemi. Alors, deux fois par jour, par l’ordre de Jourdan, et quelquefois avec le général lui-même, Coutelle s’élevait avec son ballon l’Entreprenant, pour observer les travaux des assiégeants, leurs positions, leurs mouvements et leurs forces.

La manœuvre de l’aérostat s’exécutait en