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à l’armée de Sambre-et-Meuse, le Comité de salut public s’occupait d’augmenter l’importance du corps des aérostiers.

Peu de temps après le départ de Coutelle pour Maubeuge, la Convention nationale avait décrété, le 5 messidor an II (23 juin 1794) la formation d’une seconde compagnie d’aérostiers, sorte de dépôt placé à Meudon, sous le commandement de Conté[1]. Mais ce n’était là qu’une organisation provisoire destinée à préparer une institution plus sérieuse. En effet, le 10 brumaire an III (31 octobre 1795), le Comité de salut public créait l’École nationale aérostatique de Meudon, destinée à étudier les questions relatives à l’aérostation militaire, et à fournir à cette arme des officiers instruits.

L’École nationale aérostatique de Meudon était composée de 60 élèves, divisés en trois sections. Ils suivaient des cours de physique, de mécanique, de chimie et de géographie. Outre l’enseignement théorique, ils étaient exercés à la pratique de la manœuvre des ballons. Le dépôt du corps des aérostiers et son matériel de réserve, étaient installés à l’école de Meudon.

On ne lira pas sans intérêt, l’arrêté du Comité de salut public relatif à l’installation de l’école aérostatique de Meudon, pièce d’une grande importance historique.

« Le Comité de salut public, considérant que le service des aérostiers exige des connaissances et une pratique dans les arts que l’on ne peut espérer de réunir qu’en préparant par des études et des exercices appropriés, les hommes qui s’y destinent, et voulant assurer ce service et en étendre les ressources, soit auprès des armées, où l’expérience a constaté déjà son utilité, soit par l’application que l’on peut faire de ce nouvel art pour le figuré du terrain sur les cartes,

Arrête ce qui suit :

Art. 1er. Il sera établi dans la maison nationale de Meudon une école d’aérostiers, dans laquelle, indépendamment des exercices pour les former à la discipline militaire, et des travaux de construction et de réparation des aérostats auxquels ils sont employés, ils recevront des leçons de physique générale, de chimie, de géographie et des différents arts mécaniques, relatifs à l’aérostation.

Art. 2. Cette école sera composée de soixante aérostiers, y compris ceux déjà reçus pour entrer dans la nouvelle compagnie que le Comité avait été chargé de former. Ils seront logés dans la partie de la maison nationale de Meudon qui leur sera assignée ; ils auront le même uniforme que celui qui a été réglé pour la deuxième compagnie d’aérostiers, et recevront également la solde de canonniers de première classe.

Art. 3. Les soixante aérostiers seront divisés en trois sections, chacune de vingt hommes.

Art. 4. Il y aura pour chaque section un officier ayant le grade de sous-lieutenant, un sergent et deux caporaux, lesquels seront assimilés aux officiers d’artillerie du même grade, et jouiront des traitement et solde qui leur sont attribués.

Art. 5. L’école des aérostiers aura pour chef un directeur chargé de diriger toutes les opérations de construction et de réparation des aérostats, de régler et ordonner les exercices et manœuvres et de maintenir l’ordre et la discipline. Il correspondra avec la commission des armes et poudres, lui adressera les demandes des matières nécessaires, et l’informera de ce qui pourra être mis à sa disposition pour le service des aérostats en campagne. Les appointements seront de six mille livres.

Art. 6. Il y aura un sous-directeur aux appointements de quatre mille livres, chargé des mêmes fonctions sous les ordres et en l’absence du directeur.

Art. 7. il y aura pour les trois sections un quartier-maître chargé du décompte et des menues dépenses du matériel, pour lesquelles il lui sera remis un fonds d’avances sur la proposition de la commission des armes et poudres. Il en comptera tous les quinze jours à ladite commission sur mémoires visés par le directeur.

Art. 8. Un tambour sera attaché à ladite école.

Art. 9. Il y aura dans l’école un garde-magasin chargé de tenir registre de l’entrée et sortie de toutes matières, soit de consommation, soit destinées aux épreuves et constructions, ainsi que de veiller à la conservation des meubles, ustensiles,

  1. Voici le texte de cet arrêté du Comité de salut public, en date du 5 messidor an II.

    Le Comité de salut public arrête :

    Il sera formé une deuxième compagnie d’aérostiers composée de la même manière que celle qui est actuellement au service de l’aérostat de l’armée du Nord.

    Cette compagnie sera établie à Meudon, où, sous les ordres du citoyen Conté, elle sera occupée d’abord aux travaux de la construction des aérostats, et ensuite à toutes les opérations relatives au service des machines.

    Le citoyen Conté est chargé de prendre toutes les mesures nécessaires à l’exécution du présent arrêté.