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construire des machines aériennes, fit abandonner, de guerre lasse, ce genre de recherches. Si le succès eût couronné d’aussi puériles tentatives, on aurait obtenu une machine pouvant peut-être satisfaire, quelques instants, la curiosité publique, mais incapable, en fin de compte, de répondre à aucun objet d’application sérieuse. D’ailleurs le géomètre Lalande démontra l’impossibilité de réussir dans cette voie. Dans une lettre adressée, en 1782, au Journal des savants, Lalande prouva mathématiquement que pour élever et soutenir un homme dans les airs, sans autre point d’appui que lui-même, il faudrait le munir de deux ailes de cent quatre-vingts pieds de long et d’autant de large, c’est-à-dire de la dimension des voiles d’un vaisseau, masse évidemment impossible à soutenir et à manœuvrer, avec les seules forces d’un homme.

La découverte des aérostats, en 1783, vint couper court à tous les essais de ce genre. À partir de ce moment, les volateurs cédèrent la place aux aéronautes.

« Je rends, écrivait Blanchard, au Journal de Paris, à l’occasion de sa première ascension en ballon au Champ-de-Mars, le 2 mars 1784, un hommage pur et sincère à l’immortel Montgolfier, sans le secours duquel j’avoue que le mécanisme de mes ailes ne m’aurait peut-être jamais servi qu’à agiter un élément indocile qui m’aurait obstinément repoussé sur la terre comme la lourde autruche, moi, qui comptais disputer à l’aigle le chemin des nues, »

Cependant, les anciennes expériences, relatives au vol aérien, ne furent pas inutiles, lorsqu’on songea à donner à l’aéronaute le moyen de se séparer de son ballon au milieu des airs, c’est-à-dire lorsqu’on voulut créer le parachute, appareil propre à favoriser la descente du navigateur dans les cas périlleux ou embarrassants. Ce dernier problème fut plus facilement résolu, grâce aux données fournies par les anciennes expériences, concernant le vol aérien.

Nous venons de dire que Blanchard avait adapté son bateau volant au ballon à gaz hydrogène, qui lui servit à faire son ascension au Champ-de-Mars, le 2 mars 1784, mais que cette machine ne lui fut d’aucune utilité. En effet, le jeune écervelé, Dupont de Chambon, qui voulait, comme nous l’avons raconté, le forcer à le prendre pour compagnon de voyage, et qui l’avait menacé de son épée, avait, dans ce tumulte, brisé une des ailes. Mais, n’eût-il pas été endommagé, cet appareil n’aurait jamais servi à rien de bon pour notre aéronaute.

Fig. 296. — Bateau volant de Blanchard suspendu à un aérostat.

Bien que cet appareil n’eût point fonctionné, Blanchard avait fait exécuter d’avance, des gravures qui représentaient son aérostat portant le bateau volant. Comme une sorte de parachute, qui s’ouvrait au moment de la descente, figure par-dessus le bateau muni de rames, nous le reproduisons ici (fig. 296), à titre de document curieux.

Le physicien qui, le premier, conçut et