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On a dit que le feu avait pu être mis au ballon, par une étincelle qui aurait jailli d’un caillou frappé par le fer de l’ancre. Comme jamais rien de semblable n’a été vu dans la descente d’un aérostat, nous persistons dans l’explication que nous avons présentée plus haut, à la charge des facétieux Provençaux.

Fig. 313. — Eugène Godard.

Tout le monde connaît les aventures de l’aérostat construit par M. Nadar, et son désastre arrivé en 1863, dans les plaines du Hanovre. C’est par ce récit, que nous terminerons l’histoire des plus célèbres ascensions.

Et d’abord quelle a été l’origine de la construction du Géant ? Ce ballon, le plus colossal des ballons, a été fait pour tuer les ballons. Expliquons-nous.

M. Nadar (Félix Tournachon), photographe connu antérieurement par ses œuvres de littérature légère et par ses dessins, est avant tout, un homme d’imagination et d’action. Nous lui trouvons plus d’un trait de ressemblance, avec l’un des héros, l’une des victimes de l’aérostation, Pilâtre de Rozier. Vers 1859, M. Nadar eut la pensée d’appliquer la photographie à l’aérostation. Il voulait réunir les ressources de l’aérostation et celles de la photographie ; en d’autres termes faire l’application de la photographie, non-seulement à l’art militaire, mais aussi à l’art de lever les plans.

Ce fut dans des ascensions faites par M. Louis Godard, à l’Hippodrome, que M. Nadar fit connaissance avec les ballons. M. Louis Godard lui offrit de l’accompagner dans son voyage aérien, et il saisit avec empressement cette occasion de s’élever au-dessus du commun des hommes. Depuis ce temps, l’intrépide amateur accompagna bien souvent les deux frères Eugène et Jules Godard, dans leurs ascensions.

Ce sont ces premiers voyages faits dans le ballon de l’Hippodrome qui inspirèrent à M. Nadar l’idée de la photographie aérostatique et militaire. Il pensa, qu’établi dans la nacelle d’un ballon captif, on pourrait tirer, tous les quarts d’heure, une épreuve photographique négative sur verre, qu’on ferait parvenir au quartier général, au moyen d’une boîte coulant jusqu’à terre, le long d’une petite corde, laquelle pourrait, au besoin, remonter des instructions. L’épreuve fixée et rendue positive, mise sous les yeux du général en chef, lui donnerait les indications que réclamerait la tactique, en constatant, au fur et à mesure, chaque mouvement des bataillons ennemis.

M. Nadar prit un brevet pour la photographie aérostatique. Cependant les premiers essais auxquels il se livra, dans un ballon captif, ne réussirent pas, soit en raison du mouvement du ballon, soit parce que la présence du gaz de l’éclairage nuisait à l’action photographique. On ne pouvait obtenir dans l’aérostat qu’une image, pâle et effacée, un positif sur verre faible et peu distinct.

Ces essais lui valurent, en 1859, une invitation de venir apporter son concours à l’armée d’Italie. Une personne, qu’il ne nomme