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Quelquefois le ballon est fabriqué avec de la baudruche, c’est-à-dire la membrane interne du gros intestin du bœuf ; mais on ne peut confectionner ainsi que des ballons d’un faible volume, car la baudruche est une substance assez chère.

Depuis quelques années on se sert, pour fabriquer les ballons, d’un tissu peu perméable aux gaz, qu’on nomme makintosh, et qui est formé d’une lame de caoutchouc, interposée entre deux feuilles de taffetas ou de toile. C’est ainsi qu’est fabriquée l’enveloppe de l’aérostat captif de M. Giffard, dont nous aurons à parler dans le chapitre suivant.

L’aérostat, ou la montgolfière, étant construits, il s’agit de les remplir. Nous parlerons d’abord du remplissage des aérostats par le gaz hydrogène et par le gaz d’éclairage.

La production du gaz hydrogène est basée sur la décomposition de l’eau, par l’action simultanée du fer ou du zinc, et de l’acide sulfurique. On sait que l’eau est formée, sur 100 parties, de 89 parties d’oxygène et de 11 parties d’hydrogène. L’oxygène, ayant une grande affinité pour le fer, peut se séparer de l’hydrogène. Cette séparation se produit facilement sous l’influence de l’acide sulfurique, qui tend à se combiner avec l’oxyde de fer.

Quand on n’a besoin que de très-peu de gaz, cette opération se fait, dans les laboratoires de chimie, au moyen de flacons de verre. Mais pour la production en grand, il faut substituer aux flacons, des tonneaux, dont le fond supérieur soit percé de deux trous livrant passage à deux tubes, l’un pour le gaz dégagé, l’autre pour l’acide sulfurique qui sert à provoquer la réaction. Ces tubes sont en plomb ; le premier est droit, et muni d’un entonnoir, pour verser l’acide, le deuxième, qui est recourbé, conduit le gaz dans une sorte de cuve pleine d’eau, destinée à laver le gaz hydrogène, avant son introduction dans le ballon.

La réaction se produit aussitôt après l’introduction des matières dans les tonneaux. Elle s’accompagne, pendant toute sa durée, d’une effervescence qui sert, en quelque sorte, de régulateur dans l’opération ; car, suivant que cette effervescence est plus ou moins vive, l’arrivée du gaz dans le ballon est plus ou moins rapide. Il convient d’agiter souvent la masse afin d’établir un contact intime entre l’acide sulfurique et les morceaux de fer qui n’auraient pas encore été attaqués.

Il est essentiel de laver le gaz dans l’eau, car le fer et l’acide employés étant impurs, il se produit, par leur réaction, de l’acide sulfureux et de l’hydrogène sulfuré. Ces deux gaz étant solubles dans l’eau, restent dissous dans l’eau de la cuve.

Il est bon de disposer sur le trajet du gaz hydrogène, avant de le faire pénétrer dans le ballon, un tube plein de chaux vive, qui dépouille le gaz de son humidité, et arrête la petite quantité de gaz acide carbonique qui peut s’y trouver mélangée.

Au sortir de ce tube à desséchement, le gaz hydrogène est dirigé dans le ballon, au moyen d’un tuyau de caoutchouc.

Ainsi que nous l’avons déjà dit, on met dans les tonneaux, de l’eau, de l’acide sulfurique et du fer, ou mieux de la tôle découpée en menus fragments. Il est important de savoir dans quelles proportions on doit employer les matières nécessaires à la production de l’hydrogène. L’expérience indique que 3 kilogrammes de fer et 5 kilogrammes d’acide sulfurique, à 66° de l’aréomètre, donnent au moins un mètre cube de gaz. Il suffira donc de connaître le volume du ballon et de prendre autant de fois 3 kilogrammes de fer et 5 kilogrammes d’acide, qu’il contiendra de mètres cubes. Calculer le volume du ballon est chose facile, à cause de sa forme sphérique. Son volume et sa surface se calculent par la méthode géométrique ordinaire : représentant le rapport de la circonférence au diamètre, et D le diamètre du ballon, la surface du ballon est égale à et son volume à