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La figure 320, représente l’ensemble des dispositions qu’il faut donner à l’appareil pour la préparation du gaz hydrogène par l’action de l’acide sulfurique sur le fer. Cette figure reproduit avec exactitude les dispositions qui ont été employées par M. Henry Giffard, pour préparer le gaz hydrogène, destiné à remplir le vaste aérostat, qui a servi à opérer des ascensions captives à Paris en 1867.

AA sont les tonneaux de bois dans lesquels l’acide sulfurique réagit sur le fer ; BB, les tubes qui conduisent le gaz sortant des tonneaux ; CC, le grand tube dans lequel se réunit le gaz dégagé dans tous les tonneaux ; D, la cuve dans laquelle le gaz vient se laver. F représente le cylindre plein de chaux que le gaz doit traverser, pour s’y dessécher et y laisser son acide carbonique, avant de se rendre dans l’aérostat. H est un manchon de verre contenant un hygromètre et un thermomètre, pour s’assurer de l’état de dessiccation du gaz et de sa température.

La cuve à lavage est d’une disposition particulière, l’eau s’y renouvelle sans cesse. À cet effet, une pluie d’eau tombe à travers une multitude d’orifices percés dans un tube intérieur, et elle s’écoule ensuite par un trop-plein. De cette manière le lavage du gaz est parfait.

Fig. 319. — Coupe de la cuve à lavage du gaz hydrogène.

Nous représentons à part (fig. 319) en coupe verticale, l’intérieur de cette cuve à lavage. C est le tube d’entrée, et E le tube de sortie du gaz. aa est le tube, persillé de trous, par lequel l’eau tombe en pluie dans l’intérieur du vase, f le trop-plein par lequel cette eau s’écoule sans cesse, d le robinet d’arrivée de cette même eau ; le gaz arrivant par une série d’orifices l, l, l, est très-divisé et peut se mêler avec l’eau, pour se laver parfaitement.

Ainsi préparé, le gaz hydrogène revenait à M. Henry Giffard au prix de 1 franc le mètre cube. C’est dire qu’il serait impossible de pratiquer en grand, avec économie, la préparation du gaz hydrogène par cette méthode. C’est pourtant avec le gaz ainsi obtenu, que fut rempli, pour la première fois, l’aérostat de M. Giffard. Et comme les dimensions de cet aérostat ne sont pas moindres, comme nous le dirons bientôt, de 5 000 mètres cubes, le coût du remplissage était de 5 000 francs. Aussi, comme nous le verrons tout à l’heure, M. Giffard a-t-il eu recours, pour préparer le gaz hydrogène, à une opération plus économique, consistant à décomposer l’eau par le charbon porté au rouge. C’est ce que nous aurons à décrire plus au long, dans le chapitre suivant, consacré aux ascensions en ballon captif.

On ne doit jamais remplir complétement un ballon avant l’ascension ; car le gaz, qui le gonfle, a une pression égale à la pression de l’air ambiant, et cette pression diminue à mesure qu’on s’élève. Si l’aérostat était entièrement gonflé au départ, l’excès de pression intérieure amènerait bientôt la rupture de l’enveloppe.

On ne le remplit donc qu’aux deux tiers ; de cette façon, le gaz intérieur peut, par son expansion, faire équilibre à la pression extérieure, sans presser contre les parois du ballon. Ainsi l’appareil ne se gonfle dans son entier qu’en s’élevant, et il conserve une force ascensionnelle à peu près constante, jusqu’à ce qu’il ait atteint son volume définitif. On peut du reste régler le gonflement de l’aérostat, de façon à atteindre la hauteur à laquelle on veut qu’il s’arrête.

Au début de l’opération, le ballon doit