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nute, et la force que développe la machine pour la faire tourner est de trois chevaux, ce qui représente la puissance de vingt-cinq à trente hommes.

Le poids du moteur proprement dit, indépendamment de l’approvisionnement et de ses accessoires, était de 100 kilogrammes pour la chaudière et de 50 kilogrammes pour la machine ; en tout, 150 kilogrammes, ou 50 kilogrammes par force de cheval, ou bien encore 5 à 6 kilogrammes par force d’homme, de sorte que s’il avait fallu obtenir le même effet mécanique à bras d’homme, il aurait fallu enlever vingt-cinq à trente individus, représentant un poids moyen de 1 800 kilogrammes, c’est-à-dire un poids douze fois plus considérable, et que l’aérostat n’aurait pu porter.

De chaque côté de la machine étaient deux bâches, dont l’une contenait le combustible et l’autre l’eau destinée à remplacer, dans la chaudière, celle qui disparaissait par l’évaporation. Une pompe, mue par la tige du piston, servait à refouler cette eau dans la chaudière. Cette dépense d’eau remplaçait, circonstance intéressante, le lest ordinaire des aéronautes. Ce lest d’un nouveau genre avait pour effet, étant dépensé graduellement par la disparition de l’eau en vapeurs, de délester peu à peu l’aérostat, sans qu’il fût nécessaire d’avoir recours à des projections de sable, ou à tout autre moyen que l’on emploie dans les ascensions ordinaires.

L’appareil moteur était monté tout entier sur quelques roues, mobiles en tous sens, ce qui permettait de le transporter facilement à terre.

Gonflé avec le gaz de l’éclairage, l’aérostat à vapeur de M. Giffard avait une force ascensionnelle de 1 800 kilogrammes environ, distribués comme il suit ;

Aérostat avec la soupape 
320 kil.
Filet 
150  
Traverses, cordes de suspension, gouvernail, cordes d’amarrage 
300  
Machine et chaudière vide 
150  
Eau et charbon contenus dans la chaudière au moment du départ 
60  
Châssis de la machine, brancard, planches, roues mobiles, bâches à eau et à charbon 
420  
Corde traînante pour arrêter l’appareil en cas d’accident 
80  
Poids de la personne conduisant l’appareil 
70  
Force ascensionnelle nécessaire au départ 
10  
  1 560  

Il restait donc à disposer d’un poids de 240 kilogrammes, que l’on avait affecté à l’approvisionnement d’eau et de charbon, et par conséquent de lest.

Dans l’expérience, si intéressante et si neuve, qu’il entreprenait, M. Giffard avait à vaincre des difficultés de deux genres : 1o suspendre une machine à vapeur au-dessous d’un aérostat à gaz hydrogène, de la manière la plus convenable en évitant le danger terrible, qui devait résulter de la présence d’un foyer dans le voisinage du gaz inflammable ; 2o obtenir, avec l’hélice mue par la vapeur, la direction de l’aérostat.

Il y avait, sur la première question, bien des difficultés à vaincre. En effet, les appareils aérostatiques que l’on avait employés jusque-là, étaient à peu près invariablement des globes sphériques, tenant suspendus par une corde, soit une nacelle, pouvant contenir une ou plusieurs personnes, soit tout autre objet plus ou moins lourd. Toutes les expériences tentées en dehors de cette primitive et unique disposition, avaient eu lieu, ce qui était infiniment moins dangereux, sur de petits modèles tenus captifs par l’expérimentateur ; le plus souvent même, comme il résulte de la revue historique qui précède, ces expériences étaient restées à l’état de projet ou de promesse.

En l’absence de tout fait antérieur concluant, l’inventeur devait encore concevoir certaines craintes sur la stabilité de son aéro-