Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 2.djvu/598

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

fit, en 1852, une expérience, vraiment remarquable, pour l’application de la vapeur aux aérostats. Le 22 septembre 1852, Paris eut le spectacle extraordinaire d’un aérostat emportant, suspendue à son filet, une machine à vapeur destinée à le diriger à travers les airs ; et l’expérience donna, d’ailleurs, un résultat satisfaisant.

La figure 328, page 597, fait voir quelle était la forme du ballon. M. Henry Giffard pensait, avec raison, que la forme sphérique est très-peu avantageuse pour obtenir la direction, et que pour naviguer dans l’air, il faut adopter la forme des vaisseaux et embarcations qui naviguent sur l’eau.

Nous pouvons donner une description exacte de l’aérostat à vapeur de M. Giffard, grâce à la description que l’inventeur a publiée dans le journal la Presse, le 26 septembre 1852.

Ce ballon était de forme allongée, représentant par sa section à peu près celle d’un navire ; deux pointes le terminaient de chaque côté. Long de 44 mètres, large en son milieu de 12 mètres, il contenait environ 2 500 mètres cubes de gaz, et était enveloppé de toutes parts, sauf à sa partie inférieure et aux pointes, d’un filet, dont les extrémités en pattes d’oie venaient se réunir à une série de cordes, fixées à une traverse horizontale de bois, de 20 mètres de longueur. Cette traverse portait à son extrémité une espèce de voile triangulaire, assujettie par un de ses côtés à la dernière corde partant du filet, et qui lui tenait lieu de charnière ou axe de rotation.

Cette voile représentait le gouvernail et la quille ; il suffisait, au moyen de deux cordes qui venaient se réunir à la machine, de l’incliner de droite à gauche, pour produire une déviation correspondante à l’appareil, et changer immédiatement de direction ; à défaut de cette manœuvre, elle revenait aussitôt se placer d’elle-même dans l’axe de l’aérostat, et son effet normal consistait alors à faire l’office de quille ou de girouette, c’est-à-dire à maintenir l’ensemble du système dans la direction du vent.

À 6 mètres au-dessous de la traverse était suspendue la machine à vapeur, et tous ses accessoires.

Cette machine à vapeur était posée sur une espèce de brancard de bois, dont les quatre extrémités étaient soutenues par les cordes de suspension, et dont le milieu, garni de planches, était destiné à supporter les personnes et l’approvisionnement d’eau et de charbon.

La chaudière était verticale et à foyer intérieur sans tubes à feu, elle était entourée, en partie, extérieurement, d’une enveloppe de tôle qui, tout en utilisant mieux la chaleur du charbon, permettait aux gaz de la combustion de s’écouler à une plus basse température. Le tuyau de cheminée était renversé, c’est-à-dire dirigé de haut en bas, afin de ne pas mettre le feu au gaz. Le tirage s’opérait dans ce tuyau, au moyen de la vapeur, qui venait, comme dans les locomotives, s’y élancer avec force à sa sortie du cylindre, et qui, en se mélangeant avec la fumée, abaissait encore considérablement sa température, tout en projetant rapidement cette vapeur dans une direction opposée à celle de l’aérostat.

Le charbon brûlait sur une grille, complétement entourée d’un cendrier, de sorte qu’il était impossible d’apercevoir extérieurement la moindre trace de feu. Le combustible employé était du coke.

La vapeur produite se rendait aussitôt dans la machine proprement dite.

Nous représentons à part (fig. 326) cette machine à vapeur. Elle se compose d’un cylindre vertical, dans lequel se meut un piston, qui, par l’intermédiaire d’une bielle, fait tourner l’arbre coudé placé au sommet.

Cet arbre porte à son extrémité, une hélice à trois palettes de 3m,40 de diamètre, destinée à prendre le point d’appui sur l’air et à faire progresser l’appareil. La vitesse de l’hélice est d’environ cent dix tours par mi-