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dans les couches atmosphériques dans lesquelles ils voyagent. Arago ajoute que la même observation fait connaître la vérité de l’hypothèse de Mariotte, qui attribuait à des cristaux de glace suspendus dans l’air les halos, les parhélies et les parasélènes.

La présence de ce nuage, si étendu et si froid, permit à MM. Barral et Bixio d’expliquer le refroidissement subit auquel furent en proie, à cette époque, plusieurs régions de l’Europe, qui se trouvaient dans la sphère de ces vapeurs glacées.

En 1852, M. Welsh, accompagné de M. Green, exécuta quatre ascensions dans un but scientifique. Les hauteurs auxquelles il parvint, sont de 5 950, 6 096, 3 850 et 6 990 mètres. La plus basse température observée par M. Welsh, fut de 24° au-dessous de zéro.

Comme résultat général de ses observations, M. Welsh a trouvé que la température de l’air décroît uniformément jusqu’à une certaine hauteur, laquelle varie d’un jour à l’autre ; cette hauteur se maintient constante sur un espace de 600 à 900 mètres, après quoi la diminution reprend assez régulièrement. D’après les expériences de M. Welsh, la température atmosphérique décroîtrait, en général, d’environ 1 degré centigrade pour 165 mètres d’élévation, sans toutefois que cette règle soit constante.

Arago a donné dans le volume de ses Œuvres consacré aux Voyages scientifiques, quelques détails sur les expériences aéronautiques de M. Welsh. L’illustre physicien s’exprime en ces termes :

« En juillet 1852, le comité de direction de l’Observatoire de Kew, près de Londres, résolut de faire faire une série d’ascensions aéronautiques, dans le but d’étudier les phénomènes météorologiques et physiques qui se produisent dans les régions les plus élevées de l’atmosphère terrestre. Cette résolution fut approuvée par le Conseil de l’Association britannique pour l’avancement des sciences. Les instruments furent immédiatement préparés : ce furent un baromètre de Gay-Lussac, des thermomètres secs et mouillés, un aspirateur, un hygromètre condensateur de M. Regnault, un hygromètre de Daniell, un polariscope et des tubes en verre pour recueillir l’air. Le ballon employé fut celui de M. Green, qui accompagna constamment M. John Welsh, chargé des observations ; il fut rempli de gaz d’éclairage. Quatre ascensions furent exécutées le 17 et le 26 août, le 21 octobre, le 10 novembre 1852. Dans les deux premiers voyages, M. Nicklin accompagna aussi M. Welsh. Le point du départ fut le jardin royal du Wauxhall.

« Dans la première ascension, du 17 août, les voyageurs partirent à 3h 49m du soir, et touchèrent terre à 5h 20m, à vingt-trois lieues au nord de Londres. Ils s’élevèrent jusqu’à une hauteur de 5 947 mètres ; la plus basse pression qu’ils obtinrent fut de 364mm,5, et la température de — 13°,2. À terre, le baromètre marquait 755mm,1, et le thermomètre + 21°,8. Un nuage couvrait l’horizon ; sa limite inférieure fut atteinte à 762 mètres environ, et sa limite supérieure à 3 963 mètres au delà. Le ballon fut alors plongé dans un air pur, mais il régnait au-dessus, à une grande hauteur, une masse nuageuse épaisse. Une neige, formée de flocons étoilés, tomba de temps à autre sur le ballon.

« La seconde ascension, du 26 août, commença à 4h 43m du soir, et fut terminée à 7h 35m ; la descente eut lieu à dix lieues à l’ouest-nord-ouest de Londres. Le ballon s’éleva à une hauteur de 6 096 mètres, et la température la plus basse observée fut de — 10°,3. À terre, la pression était de 760mm,9, et la température de + 19°,1. Quelques nuages étaient suspendus dans l’atmosphère, à une hauteur de 900 mètres environ ; au delà, le ciel était pur et d’un beau bleu.

« La troisième ascension eut lieu, le 21 octobre, à 2h 45m ; les voyageurs descendirent à 4h 20m, à douze lieues environ à l’est de Londres. Ils ne s’élevèrent qu’à une hauteur de 3 853 m. ; la plus basse pression observée a été de 475mm,5, et la plus basse température de — 3°,8. À terre, le baromètre marquait 759mm,2, et le thermomètre + 14°,2. Entre 254 et 853 mètres, le ballon rencontra des nuages détachés et irréguliers ; à environ 915 mètres, il pénétra dans une couche nuageuse continue, dont la partie supérieure se terminait à 1 093 mètres. À sa sortie des nuages, le ballon projeta sur leur surface peu irrégulière une ombre entourée de franges. La lumière, directement réfléchie par le nuage, ayant été étudiée avec le polariscope, ne présenta aucune trace de polarisation.

« La plus grande hauteur à laquelle M. Welsh est parvenu a été atteinte dans le quatrième voyage, exécuté le 10 novembre. Le départ eut lieu à 2h 21m, et la descente à 3h 43m, près de Folkstone, à vingt-trois lieues à l’est-sud-est de Londres. Le ballon s’éleva jusqu’à 6 989 mètres, et la température minimum observée