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fut de — 23°,6 ; le baromètre indiqua une pression minimum de 310mm,9. À terre, le baromètre marquait 761mm,1, et le thermomètre + 9°,6. Un premier nuage fut rencontré à 152 mètres de hauteur ; sa surface supérieure se terminait à 600 mètres. Venait ensuite un espace de 620 mètres de hauteur, libre de tout brouillard. À 1 220 mètres, se trouvait un nuage qui se terminait à 1 494 mètres. Au delà, il n’y avait plus que quelques cirrhus placés à une très-grande hauteur.

« On voit que, dans leurs voyages, les aéronautes anglais n’ont pu qu’une seule fois approcher, mais sans l’atteindre, de la hauteur de 7 000 mètres, à laquelle sont parvenus Gay-Lussac et MM. Barral et Bixio. La température très-basse de — 23°,6, observée par M. Welsh dans l’ascension du 10 novembre 1852, eût paru certainement extraordinaire si l’expédition faite par nos compatriotes, le 27 juillet 1850, n’avait montré un nuage ayant une température beaucoup plus basse.

« L’air rapporté par M. Welsh a été analysé par M. Milles, qui lui a trouvé la composition de l’air normal.

« Enfin, les observations hygrométriques, faites avec soin et en grand nombre par M. Welsh, à l’aide du psychromètre et de l’hygromètre de M. Régnault, n’ont pas indiqué d’extrême sécheresse ; au contraire, même dans les plus hautes régions, l’humidité atmosphérique relative s’approchait beaucoup de la saturation[1]. »

En 1861, l’Association britannique pour l’avancement des sciences, assigna des fonds considérables, pour exécuter une série d’ascensions aérostatiques dans un but scientifique. M. Glaisher, chef du Bureau météorologique de Greenwich, se chargea d’effectuer lui-même ces hardis voyages d’exploration. M. Coxwell, aéronaute expérimenté, accompagna toujours M. Glaisher.

C’est au mois de juin 1861, que commencèrent leurs ascensions scientifiques.

La plus grande hauteur à laquelle les aéronautes anglais soient parvenus, est de 10 000 mètres. Dans cette ascension mémorable, qui eut lieu le 5 septembre 1862, le thermomètre descendit à 21 degrés au-dessous de zéro, vers 8 kilomètres d’élévation. À cette prodigieuse hauteur, le froid était si intense, que M. Coxwell perdit l’usage de ses mains. Il ne put ouvrir la soupape, pour redescendre, en donnant issue au gaz, qu’en tirant la corde avec ses dents. Depuis la hauteur de 8 850 mètres, M. Glaisher était déjà sans connaissance, et bien peu s’en fallut que les deux voyageurs ne restassent morts et gelés dans l’atmosphère.

La marche des températures, dans les diverses ascensions de M. Glaisher, s’est montrée, d’ailleurs, fort irrégulière ; le mercure s’est maintenu au même niveau pendant un certain temps, lorsqu’on traversait un courant d’air chaud, et a même monté quelquefois de plusieurs degrés pendant que le ballon s’élevait. Ainsi, le 17 juillet 1862, la température resta à — 3° jusqu’à 4 kilomètres de hauteur ; elle se maintint à + 5°,6 vers 6 kilomètres ; et tomba ensuite rapidement jusqu’à — 9°, à 8 kilomètres de hauteur. Des irrégularités analogues furent observées les 18 août, 5 septembre, etc.

M. Glaisher a pu néanmoins, en prenant les moyennes d’un grand nombre d’observations, former un tableau qui donne la variation ordinaire de la température atmosphérique avec l’élévation. Il résulte de ce tableau que la quantité dont il faut s’élever pour avoir un abaissement de 1 degré centigrade, augmente constamment avec la hauteur que l’on occupe dans l’atmosphère. S’il faut, par exemple, s’élever de 50 à 100 mètres près du sol pour constater un abaissement de température d’un degré, pour obtenir le même abaissement, il faut s’élever de 550 mètres à 8 kilomètres de hauteur dans l’air. Par conséquent, le décroissement est devenu dix fois moins rapide qu’à la surface de la terre. Quand le ciel est couvert de nuages, le décroissement de la température, dans le premier kilomètre, est moindre que lorsque le temps est serein ; ce qui se comprend facilement, si l’on réfléchit que les nuages jouent le rôle d’une sorte d’écran contre le rayonnement de la chaleur terrestre.

  1. Arago, Œuvres complètes, t. IX, pages 529-632. (Voyages scientifiques.)