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ville, avec ses faubourgs et les campagnes qui l’environnent, se développait en un panorama magnifique. On distinguait Brighton, Yarmouth, Douvres et la falaise de Margate. Au nord, le ciel était voilé de nuages. Au sud et sous le ballon même, on apercevait quelques cumulus semblables à des flocons de coton épars sur la terre. On voyait ailleurs des nuages solitaires entourés d’un ciel bleu et serein.

Le but de cette ascension était l’étude des raies noires de Frauenhofer dans le spectre solaire et dans le spectre provenant de la lumière diffuse de l’atmosphère. M. Glaisher avait emporté avec lui un spectroscope, composé d’un tube muni d’un prisme, d’un objectif et d’une lunette dirigée sur le prisme. C’est le même appareil qui avait déjà servi dans l’expédition astronomique envoyée au pic de Ténériffe.

Comme on ne pouvait faire dans un aérostat, des mesures micrométriques, on dut se borner à constater l’aspect du spectre à différentes hauteurs. Au niveau du sol, on s’assura que la raie noire B dans l’extrême rouge et la raie G dans le violet, étaient les limites visibles du spectre de la lumière diffuse du ciel. Le spectre solaire direct s’étendait à peu près jusqu’à la raie H, dans le violet. On y distinguait, en outre, les raies C, D, F, G, et beaucoup de lignes intermédiaires.

Voici maintenant les altérations qui furent constatées dans le spectre solaire, par M. Glaisher, à mesure qu’il s’élevait. À 800 mètres de hauteur, les raies extrêmes B et G semblèrent un peu affaiblies. À 1 600 mètres (un mille anglais), le spectre était raccourci aux deux extrémités ; la raie B était invisible, C douteuse. À 3 200 mètres, la raie G disparut aussi, et la région violette du spectre se ternit ; on ne vit rien au delà des deux raies D et F. À 4 800 mètres d’élévation, le violet s’effaça avec la raie F. Dès lors, le spectre se raccourcit de plus en plus ; à la hauteur de 6 400 mètres, il n’en restait plus qu’une petite nuance jaune. À 7 240 mètres (quatre milles et demi), on ne vit plus rien. En descendant de nouveau à la hauteur de 4 800 mètres, où l’on arriva à 5 heures 43 minutes, après l’avoir atteinte pour la première fois une heure auparavant, on ne vit pas de spectre ; M. Glaisher ouvrit la fente du spectroscope, et il aperçut alors une faible trace de couleur. Ce dernier fait suggéra l’idée que le spectre se raccourcissait à mesure que le soleil se rapprochait de l’horizon, et que le jour baissait, On toucha terre à 6 heures et demie, juste au coucher du soleil.

Fig. 334. — M. Coxwell.

Les observations de M. Glaisher ne décidaient donc pas la question de savoir si la hauteur à laquelle on s’élève, influe beaucoup sur la forme du spectre solaire. Une nouvelle ascension dans l’air était indispensable : elle eut lieu le 18 avril 1863, à 1 heure de l’après-midi. M. Glaisher emporta le même appareil, et il le couvrit de drap noir, pour éviter la lumière diffuse latérale. Au bout de deux minutes, on s’était élevé de 1 kilomètre ;