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sur Coutelle, la description des manœuvres exécutées par les anciens aérostiers, enfin une analyse du travail du général Meunier, terminaient cet article, qui attira l’attention du gouvernement. Une commission fut nommée pour étudier la question, et en faire l’objet d’un rapport. Après de consciencieux travaux, cette commission déposa son rapport, qui était favorable à la réorganisation du corps des aérostiers.

Mais le gouvernement de la Restauration ne brillait pas par l’initiative en fait d’art militaire. La proposition n’eut aucune suite, et le rapport alla s’enterrer dans les cartons du Ministère.

C’était peut-être par une réminiscence de ce projet, qu’au moment de la conquête d’Alger, on accorda à un aéronaute, M. Margat, l’autorisation d’accompagner l’armée d’expédition. Le ballon fut embarqué, mais il resta sur le navire. La caisse ne fut pas même déballée ; on le rapporta à Paris, on le paya, et tout fut dit.

Pendant le siége de Venise par les Autrichiens, en 1849, on fit usage de petits ballons, porteurs de bombes, qui devaient éclater sur la ville. Sur la proposition de deux officiers d’artillerie autrichiens, on avait confectionné deux cents petits aérostats, chargés, chacun, d’une bombe de 24 à 30 livres, et garnie d’une mèche inflammable, destinée à faire éclater la bombe. On mettait le feu à la mèche au moment de laisser partir dans les airs ces ballons incendiaires (fig. 337).

Ce genre d’attaque eut lieu, en effet, le 22 juin 1849, mais un vent contraire ramena les petits ballons vers le camp autrichien, de sorte que les bombes firent plus de mal aux assiégeants qu’aux assiégés.

En 1854, à l’arsenal de Vincennes, à Paris, on essaya de lancer des projectiles du haut d’un ballon retenu captif. Ces expériences, selon M. de Gaugler furent mal exécutées[1] ; tout indique que, reprises d’une façon sérieuse, elles donneraient de très-bons résultats.

Pendant la guerre d’Amérique, on fit usage simultanément, des aérostats et de la télégraphie électrique.

Au mois de septembre 1861, un aéronaute, nommé LaMountain, fournit d’importants renseignements au général Mac Clellan. Ce ne fut pas en ballon captif, mais en ballon perdu, que l’aéronaute américain fit son excursion aérienne. Parti du camp de l’Union, sur le Potomac, il passa par-dessus Washington, retenu à terre par des cordes. Mais ne pouvant embrasser ainsi un espace suffisant, il coupa bravement la corde qui retenait son ballon captif, et s’éleva à la hauteur de 1 500 mètres. Il se trouva ainsi placé directement au-dessus des lignes ennemies, dont il put observer parfaitement la position, les mouvements et les forces. Ayant jeté une nouvelle quantité de lest, il s’éleva plus haut encore, et trouva un nouveau courant d’air, qui l’éloigna des lignes ennemies. Il opéra sa descente sans difficulté à Maryland, d’où il transmit au général Mac Clellan le résultat de sa reconnaissance.

Un autre aéronaute américain, M. Allan de Rhode-Island, eut l’idée de faire communiquer par un fil électrique, l’observateur placé dans la nacelle, avec le corps d’armée pour lequel il faisait ces reconnaissances. M. Allan et le professeur Lowe, de Washington, exécutèrent, plusieurs fois, ces curieuses expériences, du haut d’un ballon captif.

Voici le texte de la première dépêche qui fut envoyée par le professeur Lowe au président des États-Unis.

Washington, ballon l’Entreprise.

« Sir, le point d’observation commande une étendue de cinquante milles à peu près en diamètre. La cité, avec sa ceinture de campements, présente une scène superbe. J’ai grand plaisir à vous envoyer cette dépêche, la première qui ait été télé-

  1. Les compagnies d’aérostiers militaires sous la République, par de Gaugler, page 22