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parachute. Il mettait, d’ailleurs, très-libéralement à la disposition de ses amis et même des étrangers, toutes les pièces de sa collection, qui nous fut à nous-même d’un grand secours, lorsque nous eûmes à nous occuper de ce sujet, en 1852, pour la notice dont le travail actuel n’est que le développement et la suite.

Le 2 avril 1864, Dupuis-Delcourt est mort tranquille, estimant qu’il laissait à sa veuve, comme le plus précieux héritage, sa collection aérostatique. C’était à ses yeux un trésor inestimable, et qui devait suffire à assurer la tranquillité des vieux jours de sa courageuse compagne. Hélas ! nous avons vu, il y a peu de mois, à l’occasion du présent travail, la pauvre veuve. Elle languit en proie aux plus dures privations. Sa collection aérostatique, qu’elle conserve avec un soin religieux, comme le seul espoir de sa vie misérable, n’a pu encore trouver d’acquéreur. Comment notre bibliothèque impériale des estampes ne songe-t-elle pas à attirer à elle et à conserver pour la France, cette collection à peu près unique au monde ? Il est triste de laisser mourir de faim la digne et malheureuse femme, assise, comme le chien du tombeau, sur son trésor auquel elle ne veut pas toucher. À défaut de l’État, sur lequel il n’est pas prudent de compter, nous oserons signaler à la curiosité des amateurs, et même à l’intérêt charitable de nos lecteurs, le musée aérostatique, qui existe encore entier dans le pauvre taudis de la rue de Lourcine, no 142.


CHAPITRE XX

application des aérostats à la levée des plans et à la télégraphie : essais de lomet et conté. — application récente des aérostats aux opérations militaires.

On a fait, mais sans arriver à des résultats positifs, différents essais pour appliquer les aérostats à la levée des plans. Sous le premier Empire, un ingénieur nommé Lomet dressa un plan de Paris, au moyen d’observations faites du haut d’un ballon, en différents points de la ville. Nous avons déjà vu que, de nos jours, M. Nadar préluda, mais sans les pousser bien loin, à des essais du même genre.

À l’époque où la télégraphie commençait à occuper sérieusement les esprits, c’est-à-dire en 1804, le physicien Jacques Conté imagina un système de signaux télégraphiques exécutés en ballon captif, et qui paraissait présenter certains avantages.

Les applications des aérostats à l’art militaire, n’ont pas été complètement suspendues par l’arrêté du Premier Consul, qui licenciait le corps des aérostiers militaires. Depuis cette époque, les ballons ont rendu aux opérations des armées, certains services, que nous allons rappeler.

En 1812, les Russes avaient formé le projet d’écraser l’armée française, à l’aide de projectiles explosibles, lancés du haut d’un aérostat. Le ballon fut construit à Moscou : il pouvait, dit-on, porter jusqu’à cinquante hommes. On voulait le faire flotter par-dessus le quartier général de l’armée française, que l’on aurait accablée, de cette hauteur, de projectiles incendiaires. On commença par faire des expériences avec des ballons de plus petites dimensions ; mais elles réussirent très-mal, ce qui décida à suspendre le travail commencé.

En 1815, Carnot commandant Anvers assiégé, fit exécuter, en ballon, des reconnaissances militaires.

En 1826, le journal le Spectateur militaire publia un excellent article, dans lequel un ancien professeur de l’École militaire, M. Ferry, ramenait l’attention sur l’emploi des aérostats dans les armées, et manifestait la crainte de voir oublier, par la génération actuelle, les connaissances acquises à la science par les travaux des aérostiers de la République. Une notice biographique