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Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 2.djvu/63

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tuelle des brouillards sous le climat défavorable de l’Angleterre, empêcha de retirer du télégraphe aérien tous les avantages qu’il procurait dans les pays méridionaux.

Fig. 22. — Télégraphe aérien employé en Angleterre.

On a prétendu que le premier télégraphe établi à Londres en 1796, ne pouvait servir que vingt-cinq jours au plus dans l’année. Diverses modifications furent apportées à cet appareil depuis cette époque, mais sans l’amener à un degré suffisant de valeur. C’est précisément en raison des insuccès répétés de la télégraphie aérienne, que la télégraphie électrique devait, plus tard, prendre en Angleterre un essor très-rapide.

La découverte française se répandit plus lentement en Allemagne. Bergstrasser, qui n’abandonnait pas aisément la partie, dépeça, mutila le télégraphe français, et en fit une machine informe, qui ne put jamais être employée. Il allait chercher toutes les raisons du monde pour donner le change à ses compatriotes sur le mérite de l’invention française. Et parfois il rencontrait de singuliers arguments :

« Au reste, dit-il dans un ouvrage dédié à l’empereur François II, je pense que les Français n’emploient pas leur télégraphe à un autre but qu’à un but politique : on s’en sert pour amuser les Parisiens, qui, les yeux sans cesse fixés sur la machine, disent : Il va, il ne va pas. On profite de cette occasion pour détourner l’attention de l’Europe, et en venir insensiblement à ses fins. »

Cependant on ne tint pas compte d’aussi bonnes raisons, et le télégraphe de Chappe fut adopté dans les États allemands.

Le télégraphe aérien fut sur le point de s’installer en Turquie. L’ambassadeur ottoman fit demander pour son souverain, un modèle de télégraphe au gouvernement français. Les appareils furent envoyés ; mais personne, à Constantinople, ne put réussir à les faire fonctionner.

La découverte de Chappe trouva en Égypte un plus sérieux accueil. Méhémet-Ali, désireux de doter son pays de cette nouvelle conquête de la civilisation européenne, chargea un ingénieur, M. Abro, d’établir une ligne télégraphique du Caire à Alexandrie. On fit venir de France les modèles, les lunettes d’approche et tous les instruments nécessaires. M. Abro, accompagné de M. Coste, un des ingénieurs du pacha, fit la reconnaissance des lieux, et présida à la construction des postes. La ligne télégraphique créée par Méhémet-Ali fonctionne encore aujourd’hui en Égypte ; on reçoit en quarante minutes à Alexandrie, les nouvelles du Caire, au moyen de dix-neuf stations établies dans des tours isolées.

La télégraphie rencontra plus de difficultés en Russie ; ce n’est guère qu’en 1834 qu’elle put s’y établir d’une manière définitive. Cependant l’utilité d’un tel agent de correspondance se faisait sentir en Russie plus que dans toute autre partie de l’Europe. L’immense étendue de cet empire est un obstacle continuel à la transmission des ordres envoyés de la capitale ; il faut des mois entiers pour les faire parvenir et pour être informé de leur exécution. La distance qui sépare les