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Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 2.djvu/653

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Fig. 342. — Jackson expérimente sur lui-même l’action de l’éther sulfurique.


dans son cabinet, et, s’il faut l’en croire, il fit sur lui-même l’expérience.

« Assis dans le fauteuil d’opérations, je commençai, dit Morton, à respirer l’éther. Je le trouvai tellement fort, qu’il me suffoqua en partie ; mais il produisit un effet décidé. J’en saturai mon mouchoir, et je l’inhalai : Je regardai ma montre ; je perdis bientôt connaissance. En revenant à moi, je sentis de l’engourdissement dans mes jambes, avec une sensation semblable à un cauchemar. J’aurais donné le monde entier pour que quelqu’un vînt me réveiller. Je crus un moment que j’allais mourir dans cet état et que le monde ne ferait que me prendre en pitié ou tourner en ridicule ma folie. À la fin, je sentis un léger chatouillement de sang à l’extrémité de mon doigt, et je m’efforçai de le toucher avec le pouce, mais sans succès. Un deuxième effort m’amena à le toucher, mais sans éprouver aucune sensation. Peu à peu je me trouvai solide sur mes jambes, et je me sentis revenu entièrement à moi ; je regardai sur-le-champ à ma montre, et je calculai que j’étais demeuré insensible l’espace de sept ou huit minutes[1]. »

Heureux de son succès, Morton s’empressa de l’annoncer aux personnes employées dans

  1. Mémoire sur la découverte du nouvel emploi de l’éther sulfurique, par W. Morton, p. 17.