Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 2.djvu/67

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obstacle bien gratuit aux opérations, aux travaux des ateliers, des manufactures et des diverses industries, en les empêchant d’établir des communications télégraphiques.

Quoi qu’il en soit, c’est en 1837 que cette loi fut votée par la chambre des députés. À cette époque, aucune loi n’accordait à l’État le monopole de la correspondance télégraphique. Aussi un service de télégraphie privée s’était-il créé, d’après un nouveau système, entre Paris et Rouen. Une télégraphie clandestine s’était même établie, pour transmettre le cours de la bourse de Paris à Bordeaux.

C’est pour prévenir ce qui paraissait un abus, et ce qui n’était que l’exercice d’un droit de tout citoyen, que la chambre des députés vota la loi sur la correspondance télégraphique, qui lui fut présentée par le gouvernement, et promulguée le 3 mai 1837. Cette loi punit d’un emprisonnement d’un mois à un an et d’une amende de mille à dix mille francs « quiconque transmettra, sans autorisation, des signaux d’un lieu à un autre, soit à l’aide de machines télégraphiques, soit par tout autre moyen ». Elle ajoute que le tribunal ordonnera la destruction des postes desdites machines ou moyens de transmission.

Un plan général du réseau télégraphique fut arrêté, sous Louis-Philippe, par l’administration des télégraphes, dont le directeur était M. Alphonse Foy, neveu du célèbre général Foy. Ce plan consistait à établir une série de lignes concentriques, et à relier entre elles les lignes rayonnantes.

On avait projeté trois lignes. La première devait rattacher celle de Paris à Toulon à celle de Bayonne par Avignon, Montpellier, Toulouse et Bordeaux. La seconde partant de Dijon, devait aboutir à Strasbourg, en passant par Besançon. La troisième, se détachant de la ligne de l’Est à Metz, se serait dirigée sur Boulogne, par Valenciennes et Lille ; de Boulogne elle aurait gagné la ligne de l’Ouest à Avranches, en passant par Caen et en coupant la ligne projetée de Paris au Havre. Ce plan, parfaitement raisonné, donnait à une dépêche deux voies au moins pour arriver à destination, et faisait entrer dans le réseau les places fortes des frontières du Nord, les centres commerçants du littoral de la Manche et les villes importantes du Midi. Des embranchements spéciaux devaient rattacher Cherbourg, Boulogne, Nantes et Perpignan.

Ce projet ne fut exécuté qu’en partie, soit par la parcimonie de la chambre des députés, soit par la considération des imminents progrès du télégraphe électrique.

L’exécution du plan projeté par l’administration des télégraphes, commença par la ligne du Midi. En 1832 on créa la section d’Avignon à Montpellier, en 1834, celle de Montpellier à Bordeaux.

En 1841, une ligne fut construite de Calais à Boulogne, pour le service des dépêches d’Angleterre. On commença, en 1842, la ligne de jonction de Dijon à Strasbourg.

En 1844, la télégraphie aérienne présentait un imposant réseau, composé de 5 000 kilomètres de lignes, pourvues de 534 stations. 29 villes correspondaient télégraphiquement avec Paris. Voici les noms de ces villes, jalonnées selon le trajet des stations télégraphiques :

Lille, Calais, Boulogne ;

Châlons, Metz, Strasbourg ;

Dijon, Besançon, Lyon, Valence, Avignon, Marseille, Toulon ;

Tours, Poitiers, Angoulême, Bordeaux, Bayonne ;

Agen, Toulouse, Narbonne, Perpignan, Montpellier, Nîmes ;

Avranches, Cherbourg, Brest, Rennes, Nantes[1].

Tout cela était loin de composer un réseau suffisant pour tous les besoins de la correspondance de l’autorité politique, résidant à

  1. É. Gerspach, Histoire administrative de la télégraphie aérienne en France, p. 87.