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cun n’offrait assez d’avantages pour que l’on eût pu réussir à le faire adopter d’une manière générale. On connaît les Codes de signaux maritimes de Marryatt, de Rogers, de Ward, de Reynold, de Rhode et bien d’autres encore.

Le plus répandu des Codes maritimes actuels, est celui que l’on doit au capitaine anglais Marryatt.

Le Code Marryatt est fondé sur le système décimal. Les mots, noms et phrases formant les différentes communications qu’on peut vouloir échanger, y sont désignés par des numéros. On signale ces numéros par des combinaisons de dix pavillons de couleurs différentes, affectés aux dix chiffres 0, 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9. Ces numéros renvoient au vocabulaire, qui prend ici le nom de code de signaux. Les combinaisons contenant plusieurs fois le même chiffre, sont exclues pour ne pas augmenter le nombre des pavillons. On arrive ainsi, en combinant jusqu’à quatre chiffres, à un total de 5 860 groupes, dont le dernier est numéroté 9876. C’est le nombre le plus élevé que l’on puisse former avec quatre chiffres différents.

Pour augmenter le total des communications possibles, on a imaginé de former six séries ou sections, dans lesquelles se répétaient les mêmes numéros d’ordre ; il faut donc, en outre, désigner chaque fois la série dans laquelle un numéro donné doit être cherché. On emploie, à cet effet, une caractéristique spéciale, que l’on hisse soit au-dessus des autres pavillons, soit à un mât séparé.

La première série comprend la liste des bâtiments de guerre anglais ; la deuxième, celle des bâtiments de guerre étrangers ; la troisième, les bâtiments de commerce ; la quatrième, les noms géographiques les plus importants (phares, relâches, mouillages, villes) ; la cinquième est le répertoire des phrases les plus usitées ; enfin, la sixième forme un vocabulaire de mots destinés à composer des phrases non mentionnées dans la série précédente.

Mais les 5 860 numéros de la troisième série, n’auraient jamais suffi pour désigner tous les bâtiments de commerce ; il a donc fallu la subdiviser encore une fois en trois parties, qui se distinguent l’une de l’autre par une flamme spéciale. Le nombre des signes de la plupart des communications est ainsi porté à cinq, au lieu de quatre, ce qui est un inconvénient des plus graves. La pratique a montré, en effet, que l’emploi de plus de quatre signes sur la même drisse, comporte de nombreuses chances d’erreurs, et si l’on se décide à hisser le cinquième pavillon sur un mât séparé, on risque encore qu’il ne soit pas aperçu.

Le principal défaut de ce système, d’ailleurs fort ingénieux, c’est le nombre insuffisant des combinaisons dont il permet de disposer. L’édition de 1854 du Code Marryatt contient environ 11 000 noms de bâtiments de commerce, rangés par ordre alphabétique ; tous les navires portant le même nom sont représentés par le même signal. On arrive ainsi à ne pas dépasser les ressources du système adopté. Mais la liste des bâtiments du commerce anglais, publiée en 1865, d’après le Registrar general of shipping and seamen, contient déjà plus de 52 000 numéros ! Comment les aurait-on fait entrer dans le Code Marryatt ? Quant à l’idée de donner le même numéro aux navires de même nom, on comprendra combien elle est malencontreuse quand on saura, par exemple, que plus de cent cinquante bâtiments anglais et américains, dont le tonnage dépasse cinquante tonneaux, portent le nom d’Élise, sans compter ceux qui s’appellent Élise-Anne, Élise-Marie, etc. Quatre de ces Élise appartiennent au port de Londres. On était bien avancé quand, après avoir échangé quelques signaux avec un navire qu’on rencontrait, on savait qu’il s’appelait Élise ! Aussi, les listes qui se publient aujourd’hui