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en Angleterre renferment-elles, non-seulement le nom et la nature du bâtiment, son tonnage et la forme de sa machine, mais encore le nom et l’adresse de l’armateur.

Le vocabulaire et le répertoire de phrases du Code Marryatt étaient également insuffisants et d’une disposition peu commode.

Les signaux du système Marryatt, qui s’exécutaient au moyen de pavillons de différentes couleurs, avaient enfin l’inconvénient de se confondre, quand ils étaient observés de loin, lorsque le calme empêchait les pavillons de flotter, ou quand la direction du vent les présentait à l’observateur dans le sens debout.

Tout cela pourtant ne doit pas nous empêcher de reconnaître que le Code anglais a rendu de grands services, et qu’il a servi de modèle au nouveau Code commercial anglo-français, que nous ferons connaître plus loin.

C’est à un marin français, M. Reynold de Chauvancy, capitaine de port, qu’appartient le grand honneur d’avoir le premier remplacé le système du capitaine Marryatt, par une combinaison infiniment plus commode et plus simple. M. Reynold substitua la forme des corps à la couleur des pavillons, en ne faisant usage, à l’imitation du système de François Sudre, que de trois formes, à savoir : un pavillon, une flamme et un globe, ou plutôt un objet opaque quelconque, tel qu’un ballon ou un chapeau.

Le système Marryatt était par lui-même très-dispendieux ; il exigeait l’emploi de séries de pavillons semblables à celles dont sont pourvus les bâtiments de l’État. Le système Reynold, au contraire (qui permet d’ailleurs aussi l’emploi des pavillons réglementaires), se compose d’une série de trois signes incolores, qui ne coûtent absolument rien, puisque tout navire en possède les éléments indispensables, et qui sont tout simplement : 1o un pavillon de n’importe quelle couleur ; 2o un lambeau d’étoffe figurant une flamme ; 3o et un objet opaque quelconque, tel qu’un ballon, une manne, un chapeau, etc. Un vocabulaire qui renferme plus de 18 000 mots, permet de traduire, avec ces trois signaux, toutes les idées qui peuvent être échangées dans une correspondance.

La figure 28 (page 77), fait voir un navire portant à son mât les trois signaux, de forme différente, dont les combinaisons répondent à l’un des 18 000 mots du vocabulaire de M. Reynold. Les numéros de ce vocabulaire signalés au moyen de ces trois objets, servent aux navires pour correspondre à distance.

Il est impossible de ne pas être frappé des avantages qui résultent, pour la marine et le commerce maritime, de l’adoption d’une télégraphie si simple qu’elle est à portée de toutes les intelligences, si peu dispendieuse, qu’en toutes circonstances le plus humble caboteur possède à son bord les éléments nécessaires pour la représenter, et qui, traduite dans les langues les plus usitées en marine, donnera toujours, dans toutes ces langues, au moyen d’un même numéro correspondant, l’explication précise du signal. En se servant de cette télégraphie polyglotte, un marin, à l’entrée d’un port étranger, pourra toujours faire comprendre ses besoins, et comprendre ce qu’on lui demandera, sans avoir préalablement étudié la langue en usage dans ce port. Il y a loin de là à ces séries de pavillons très-dispendieuses d’achat et d’entretien, qu’exige le code Marryatt. Ici, comme nous venons de le dire, les engins nécessaires à l’exécution des signaux, ne coûtent rien.

C’est par ces considérations que le système Reynold a été adopté pendant un certain temps, par le gouvernement français. Une décision du 26 juin 1855, de M. Hamelin, ministre de la marine, rendit obligatoire pour la marine marchande française, le code Reynold, que déjà son prédécesseur, le ministre Ducos, avait rendu, pendant la même année, obligatoire pour la marine militaire. L’amiral Hamelin ordonna que le code Reynold serait obligatoire à bord de tous les na-