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Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 2.djvu/89

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LE
TÉLÉGRAPHE ÉLECTRIQUE


L’idée de la télégraphie électrique est née avec l’observation des premiers phénomènes de l’électricité. Cette idée était tellement simple, tellement naturelle, qu’elle vint à l’esprit des physiciens qui observèrent les premiers avec quelle rapidité prodigieuse le fluide électrique circule dans un corps conducteur. Mais pour plier aisément l’électricité aux exigences infinies des communications télégraphiques, il aurait fallu posséder une connaissance approfondie de cet agent. Or, pendant toute la durée du xviiie siècle, l’électricité ne fut connue que dans une partie de ses propriétés. Aussi, bien des tentatives, bien des essais inutiles, furent-ils réalisés à cette époque : l’idée de la télégraphie électrique fut, dans cet intervalle, vingt fois abandonnée et reprise. D’ailleurs, en même temps que les physiciens s’efforçaient d’appliquer l’électricité à la télégraphie, d’autres savants cherchaient la solution du même problème dans l’emploi de moyens en apparence plus simples. Un grand nombre de mécaniciens s’occupaient d’établir un système rapide de correspondance en combinant divers signaux formés dans l’espace et visibles à des distances éloignées. Les difficultés sans cesse renaissantes que l’on rencontrait alors dans le maniement pratique de l’électricité, encourageaient les efforts des partisans de la télégraphie aérienne. Enfin, dans les dernières années du xviiie siècle, arriva l’invention, faite par Claude Chappe, de la télégraphie aérienne, qui répondait, à cette époque, à tous les besoins. C’est alors que ce système fut adopté et établi dans toute l’Europe, comme nous l’avons raconté, et les recherches relatives à la télégraphie électrique éprouvèrent un long temps d’arrêt.

Cependant la physique ne tarda pas à s’enrichir d’admirables conquêtes ; l’électricité manifesta des propriétés inattendues. Ces caractères, ces aptitudes nouvelles, si heureusement découverts dans l’agent électrique, permirent de le manier et de l’assouplir, comme le plus docile de nos instruments. Dès lors, la télégraphie électrique regagna le terrain qu’elle avait perdu ; elle ne tarda pas à mettre en évidence son incontestable supériorité sur la télégraphie aérienne, à se substituer peu à peu à sa rivale, enfin à la détrôner sans retour. C’est l’histoire des efforts successifs qui ont été tentés pour arriver à créer la télégraphie électrique, que nous présenterons dans les premières pages de cette notice.