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Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 3.djvu/106

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rait donc par cette circonstance, qu’il se ferait, dans le cas d’une longue exposition à la lumière, c’est-à-dire avec la glace albuminée, une combinaison entre l’argent et l’albumine, combinaison qui noircirait sous l’influence de la lumière, en se décomposant et formant un sous-sel d’argent, de couleur noire.

Ce n’est pas là, d’ailleurs, la seule objection que l’on puisse faire à la théorie chimique. S’il y a réellement de l’argent métallique déposé dans l’image par l’action de la lumière, en traitant cette image par l’acide azotique, on doit dissoudre ce métal, et l’agent révélateur ne pourra plus alors développer aucune image. Or, si l’on soumet cette image à un lavage à l’acide azotique étendu, on obtient néanmoins, après le développement, une image, quoique plus faible que dans les autres cas.

On peut encore présenter cette autre remarque, que si le phénomène était purement chimique, l’action de la lumière devrait être d’autant plus intense, que l’on ferait usage d’une plus grande quantité d’iodure d’argent. Or il n’en est pas ainsi.

Les partisans de l’action physique expliquent donc la modification subie par les sels d’argent au contact de la lumière, en supposant qu’il se produit un simple changement dans la constitution moléculaire de l’iodure d’argent, une disposition différente de ses molécules, disposition qui leur permet d’exercer une attraction plus grande sur l’argent fourni par les bains révélateurs.

Comme preuve à l’appui de cette dernière hypothèse, on invoque les expériences suivantes, dues au physicien Moser.

Si l’on soumet à l’action de la lumière, une glace, préalablement recouverte d’un papier noir découpé, et qu’ensuite on projette sur la glace ainsi impressionnée, la vapeur de l’haleine, la vapeur aqueuse se dépose seulement sur les parties que la lumière a touchées. C’est, d’ailleurs, seulement ainsi que l’on peut expliquer le développement de l’image par les vapeurs de mercure, dans le procédé de Daguerre. En effet, une lame d’argent, après avoir été exposée à la lumière, recouverte d’un papier noir découpé, donnera un résultat identique, soit avec la vapeur d’eau, soit avec la vapeur de mercure ; c’est-à-dire, que le mercure ou la vapeur d’eau ne se déposeront que sur les parties qui auront été touchées par la lumière.

En résumé, d’après cette théorie, la lumière n’agirait sur l’iodure d’argent que d’une manière purement physique, en changeant les dispositions moléculaires de ce composé. Si dans quelques cas, comme dans l’expérience de M. Young, on voit se produire une image sans l’emploi d’aucun agent révélateur, elle est due à une combinaison organo-métallique, qui se fait entre l’albumine et l’argent. Mais il n’y a jamais de décomposition chimique proprement dite, provoquée par la lumière dans les sels d’argent.

Telles sont les deux théories qui divisent les savants pour l’interprétation du phénomène général de l’action de la lumière. Nous laisserons à nos lecteurs le soin de se prononcer entre ces deux systèmes, tout en estimant que la théorie des physiciens est la plus exacte expression des faits.


CHAPITRE XIV

appareils optiques employés en photographie.

Dans tous les procédés de photographie que nous avons décrits, on se sert toujours des mêmes appareils optiques. C’est pour cela que nous avons renvoyé à un chapitre particulier la description de ces appareils : cette description doit maintenant nous occuper.

Au point de vue théorique, l’appareil optique employé en photographie, se réduit à l’objectif et à la chambre noire. Les instruments accessoires qu’on a successivement introduits dans le matériel du photographe, n’ont pour