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la moindre déformation, et montrait bien avec quelle rigoureuse précision sont conservées, avec cet appareil, les proportions naturelles des diverses parties de l’image, quelle que soit leur situation sur cette vaste étendue d’horizon.

En 1868, M. Silvy, photographe français établi à Londres, a perfectionné encore cet appareil panoramique, en remplaçant la lame de verre destinée à recevoir l’image panoramique par une simple feuille de papier. On comprend les avantages pratiques qui doivent résulter de la possibilité de recevoir l’image panoramique sur une feuille de papier qui peut prendre toutes les courbures de l’instrument, et en simplifier singulièrement le mécanisme, L’appareil panoramique de M. Silvy rendra donc de grands services à la photographie.


CHAPITRE XV

les émaux photographiques. — procédés de mm. lafon de camarsac et alphonse poitevin. — photographie sur émail de mm. deroche et lochard. — les photographies vitrifiées et les photographies transparentes.

Ce n’est pas seulement sur le métal, sur le verre et sur le papier, que l’on peut former des épreuves héliographiques ; on peut également les obtenir sur porcelaine ou sur émail. Si l’on transporte sur la porcelaine ou sur l’émail, une image positive mélangée de substances pouvant être vitrifiées au feu, on obtient, en les cuisant dans le four à porcelaine, de véritables émaux photographiques, qui ont une précieuse qualité : une indestructibilité absolue.

C’est à M. Lafon de Camarsac qu’est due l’invention des émaux photographiques. M. Alphonse Poitevin a, de son côté, fait beaucoup avancer cette branche spéciale de l’héliographie ; mais il faut reconnaître que le premier de ces deux artistes a eu le mérite de se consacrer, pendant une longue suite d’années, à l’application spéciale dont il est l’inventeur et de la porter à son degré de perfection.

M. Lafon de Camarsac s’occupe de cette question depuis l’année 1854. Il s’était proposé, dès cette époque, de fixer sur les matières céramiques des images obtenues par la lumière, et rendues absolument inaltérables, afin de former des collections de portraits et de scènes historiques destinés à décorer l’intérieur des monuments.

C’est dans le brevet pris, en 1854, par M. Lafon de Camarsac, que l’on trouve très-nettement formulé le principe sur lequel les opérateurs ont fondé plus tard la production de toutes sortes d’épreuves vitrifiées. Ce principe consiste à renfermer des matières colorées inaltérables et réduites en poudre impalpable, dans une couche de substance impressionnable à la lumière et adhésive. L’auteur obtenait ce résultat, en mélangeant la poudre colorée à l’enduit, soit avant son exposition à la lumière, soit après cette exposition. Dans les deux cas, toute la matière photogénique est éliminée après l’exposition au feu, et il ne reste à la surface de la porcelaine que des couleurs inaltérables.

Nous croyons devoir rapporter les termes du mémoire dans lequel M. Lafon de Camarsac faisait connaître les principes de sa découverte.

« C’est aux procédés de la décoration céramique, écrivait M. Lafon de Camarsac, que je demande les moyens d’atteindre le but que je me suis proposé ; c’est par eux que je transforme les dessins héliographiques en peintures indélébiles ; je profite à la fois de l’éclat des couleurs vitrifiables et de leur inaltérabilité.

« Je compose un enduit sensible susceptible de recevoir l’application du cliché sans y adhérer et d’être rendu facilement adhésif après l’exposition à la lumière. L’exposition terminée et le dissolvant ayant formé l’image, qui est parfaitement nette et visible, je procède à la substitution des couleurs céramiques à cet enduit qui doit être détruit par le feu.

« Les matières colorantes vont être fixées par la fusion ; il faut les approprier aux subjectiles qui doivent les recevoir ; les métaux, le verre, le cristal,