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Fig. 88. — Gravure héliographique obtenue par le procédé de M. Baldus.


un jour ce procédé dans l’industrie. Mais à côté de ces résultats décisifs, définitifs, il est juste d’en signaler quelques-uns qui, pour être d’une importance secondaire, ne méritent pas moins d’être connus. Ils sont surtout l’œuvre des opérateurs étrangers, dont les produits ont pu être appréciés à l’Exposition universelle de 1867.

M. Pretsch, de Londres, disputa dans l’origine, c’est-à-dire en 1856, la découverte de la photo-lithographie par les chromates, à M. Alphonse Poitevin. Cette question de priorité n’a maintenant aucune importance. Contentons-nous de dire que M. Pretsch avait envoyé à l’Exposition universelle de 1867, de nombreux spécimens de gravures héliographiques obtenues par des procédés analogues à ceux de M. Poitevin.

M. Asser, d’Amsterdam, avait présenté des gravures héliographiques obtenues par un procédé qui lui est propre. Ce procédé consiste à faire agir la lumière sur un mélange de bichromate de potasse, d’amidon et de cellulose, mélange qui devient impénétrable à l’eau quand il a été frappé par la lumière. Le papier amidonné et chromaté, ayant reçu l’action de la lumière à travers le cliché photographique, est lavé, séché à une haute température, et remis en présence de l’eau, qui pénètre partout où le bichromate n’a pas été influencé par la lumière. Si l’on passe sur ce papier un rouleau chargé d’encre d’imprimerie, l’encre n’adhère qu’aux parties sèches, et laisse en blanc celles qui sont humides. Si l’on a employé une encre de report, il suffit de placer ce papier sur la pierre lithographique, pour y fixer un dessin, qui peut être tiré à un très-grand nombre d’exemplaires. Ce procédé diffère peu de celui de M. Alphonse Poitevin, qui emploie directement la pierre ; il est plus compliqué, et le report ne se fait pas sans altérer les finesses de l’image.

Nous n’avons pas vu, à l’Exposition, d’œuvres présentées personnellement par M. Asser, mais on pouvait les juger d’après les spécimens envoyés de Belgique par MM. Simonneau et Toovey, qui sont, si nous ne nous trompons, les cessionnaires du brevet de M. Asser, et qui ont fait subir au procédé de cet artiste des modifications pratiques et secondaires dans le détail desquelles nous n’entrerons pas.

S’il n’y a rien d’original dans les méthodes de ces deux artistes belges, on ne saurait en dire autant d’un système imaginé par un savant anglais, M. Woodbury, et qui apporte une donnée toute nouvelle dans le mode de tirage des épreuves photographiques.

M. Woodbury commence par se procurer une lame de gélatine présentant des reliefs et des creux, par le système de M. Alphonse Poitevin, auquel il joint l’artifice ingénieux, dû à M. l’abbé Laborde et à M. Fargier, qui consiste à laver la lame de gélatine du côté opposé à celui qui a reçu l’impression de la lumière.