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points du monde, au moyen de procédés photographiques.

À la même époque un médecin de la Salpêtrière, en publiant une série de types d’idiots et de crétins, composée au moyen de la photographie, donna un exemple des avantages que peut offrir la photographie, pour la description et l’étude de ces tristes affections de l’espèce humaine.

Dès les premières années de la découverte de Daguerre, MM. Donné et Léon Foucault réalisèrent une autre application de la photographie à l’histoire naturelle, aussi curieuse qu’utile. Ils eurent l’idée de daguerréotyper les objets microscopiques, et de rendre ainsi permanentes les images éphémères formées par la lentille de l’instrument. L’image que donnent au microscope solaire, les globules du sang, par exemple, était reçue sur une plaque iodurée, et y laissait son empreinte, qu’il ne restait plus qu’à rendre fixe par les moyens ordinaires. Les épreuves ainsi obtenues ont servi de modèle aux dessins de l’atlas qui accompagne l’ouvrage publié par M. Donné, en 1844, sur les applications du microscope à l’étude physique des sécrétions animales[1].

Ces résultats intéressants n’étaient cependant qu’un prélude. La découverte de la photographie sur papier vint donner beaucoup d’extension à l’emploi des procédés photographiques dans les études relatives aux sciences naturelles.

Une observation particulière contribua beaucoup à faciliter la reproduction des objets d’histoire naturelle par la photographie. L’imperfection des résultats qui avaient été obtenus jusque-là dans ce genre d’applications, tenait surtout à ce que l’on avait fait usage de l’objectif double. L’emploi de ces volumineuses lentilles permet d’obtenir l’instantanéité dans la production de l’image ; mais il a l’inconvénient de déformer considérablement les objets. Cette combinaison de verres, qui a pour résultat de concentrer en un seul foyer une quantité considérable de rayons lumineux, permet sans doute d’accélérer beaucoup l’impression photogénique, et elle donne ainsi les moyens de saisir rapidement les objets, ou les êtres, dont la mobilité constitue un obstacle sérieux pour la reproduction photographique : tels sont, par exemple, les animaux vivants. Mais cette rapidité d’impression ne s’obtient qu’aux dépens de l’exactitude de la copie : l’image du modèle est sensiblement altérée par suite de la trop courte distance focale de l’objectif. C’est ce qui explique les imperfections que présentent toutes les reproductions d’animaux vivants obtenues avant l’année 1855. Pour réussir entièrement, dans ce nouvel ordre de travaux photographiques, il fallait opérer avec des lentilles simples, qui ont l’avantage de n’occasionner aucune déformation dans l’objet reproduit ; ou bien, si l’on voulait conserver les lentilles à verres combinés, augmenter la longueur de leur foyer.

M. Louis Rousseau, préparateur au Muséum d’histoire naturelle de Paris, imagina une disposition très-ingénieuse dans la manière de disposer la chambre obscure pour reproduire les pièces d’histoire naturelle. Par suite de la position verticale que présente l’objectif dans la chambre obscure ordinaire, on n’avait pu jusque-là recevoir l’image d’un objet qu’autant qu’on le plaçait dans une position verticale. Or, cette situation obligée mettait obstacle à la reproduction de la plupart des spécimens qui se rapportent à l’histoire naturelle, pour les pièces anatomiques par exemple, et surtout pour celles qui ne peuvent être étudiées que sous l’eau. M. Louis Rousseau parvint à surmonter cette difficulté. Au lieu de conserver la situation verticale à la lentille, il plaça cette lentille horizontalement ; c’est-à-dire, qu’il disposa la chambre obscure au-dessus de l’objet à reproduire, en plaçant cet objet

  1. Cours de microscopie complémentaire des études médicales, in-8o. Paris, 1844.