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quides et des tissus de l’organisme, d’après le système de M. Bertsch, et représentant à peu près les mêmes modèles qu’avait reproduits M. Lakerbauer.

L’emploi de la photographie, pour fixer les images amplifiées du microscope solaire, et représentant les particularités de l’organisation des animaux, est précieuse à tous les titres, car aucun autre procédé connu de reproduction ne pourrait fixer ce genre d’images avec autant de fidélité. Le moment n’est pas éloigné où le naturaliste confiera presque exclusivement à la photographie l’exécution de ses dessins. Au lieu de se condamner à relever péniblement au crayon, les détails principaux des objets qu’il étudie, il en obtiendra en quelques instants, sur le papier, une image rigoureuse, sans même avoir recours au microscope solaire. Le travail du graveur deviendra ainsi inutile, car les épreuves positives tirées sur papier avec l’épreuve négative, fourniront un grand nombre de reproductions du premier type, qui rendront superflue toute intervention de la gravure.

Le lecteur a sous les yeux trois figures gravées (fig. 109, 110 et 111) qui représentent des objets d’histoire naturelle grossis par le microscope et fixés, par la photographie, d’après les procédés et les appareils de M. Bertsch, que nous venons de décrire : les globules du sang humain vus à un grossissement de 500 diamètres, un pou vu à un grossissement de 200 diamètres, les antennes et les palpes d’un moucheron.

Ajoutons que tout fait espérer que la botanique pourra invoquer à son tour le secours de la photographie. Seulement, il faudra employer des moyens de grossissement assez puissants pour que, dans les parties végétales reproduites, on puisse faire ressortir ce qui échappe à la vue simple. Les corps opaques ne pouvant être examinés et grossis au microscope qu’en dirigeant sur eux, par des lentilles convergentes, un grand foyer de lumière, les opérateurs devront disposer des appareils particuliers d’éclairage et de grossissement pour les objets opaques. Ce sujet exige donc des études nouvelles[1].

D’ailleurs, sans faire usage de l’appareil micrographique, la photographie peut rendre des services considérables à l’histoire naturelle. L’anthropologie, par exemple, ne pourra faire de sérieux progrès que lorsque les voyageurs naturalistes auront rapporté de tous les coins du monde des images authentiques, prises par les procédés héliographiques, des différents types humains. L’étude, si intéressante, mais si peu avancée encore, des races humaines, trouvera dans l’usage de la photographie, la source de ses progrès. L’imperfection de l’anthropologie tient surtout à l’absence d’un riche musée de types authentiques des variétés des races humaines et des individus qui peuvent servir de type à ces races. On conçoit dès lors l’utilité que présenterait une collection ethnologique obtenue par la photographie.

L’anatomie descriptive pourra également demander à la photographie la reproduction des objets de ses études. Déjà, dans quelques publications, on a essayé de représenter l’ostéologie humaine, la névrologie et la myologie, c’est-à-dire l’étude des os, celle des nerfs et celle des muscles. On peut donc espérer qu’il sera permis un jour de remplacer par des photographies prises sur nature, les planches gravées d’anatomie humaine destinées aux études, qui sont si dispendieuses.

Pendant bien longtemps on a désespéré de fixer sur le papier photographique les divers organes des végétaux, et surtout les fleurs. Le problème a fini pourtant par être résolu, et en 1855, à l’Exposition de photographie, ce que l’on admirait le plus parmi les nouveautés de cet art, c’était une série d’épreuves re-

  1. On consultera avec fruit pour ce genre d’applications de la photographie l’ouvrage de M. Moitessier intitulé : La photographie appliquée aux recherches microscopiques, in-12. Paris, 1866.