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d’après sa direction rectiligne, se peindre au point A′, à l’intérieur de la boîte. Il en est de même de la base B de la flèche, qui vient se peindre au point B′. Les parties intermédiaires de la flèche occupant des points correspondants, l’image de l’objet, formée à l’intérieur de la boîte, est, comme le représente la figure, renversée et de dimensions réduites.

Fig. 5. — Marche des rayons lumineux à travers un orifice percé à l’une des parois d’une chambre obscure.

La chambre obscure n’est autre chose que cette boîte percée d’un trou, et destinée à produire le mécanisme optique qui vient d’être décrit. Seulement, pour embrasser un champ de vision plus vaste et pour donner plus de netteté à l’image, on enchâsse dans l’ouverture O du volet, une lentille convergente, biconvexe. Cette lentille recueille plus de lumière que le simple trou percé dans la paroi de la boîte, et, la concentrant en un seul point, elle produit le même effet que cet orifice, mais avec infiniment plus de netteté, et en embrassant un espace beaucoup plus étendu.

La chambre noire ou chambre obscure des physiciens, que les photographes ont adoptée, consiste, en définitive, en une boîte fermée de toutes parts, munie d’une lentille convergente, ou objectif, et d’un écran en verre dépoli.

Fig. 6. — Chambre obscure.

La figure 6 représente cet appareil. Α est la boîte portée sur le trépied de bois B ; CC, l’écran ; DD, le tuyau dans lequel est enchâssée la lentille convergente, ou objectif.

La chambre obscure est donc un œil artificiel dans lequel viennent se peindre toutes les vues extérieures.

Ces images, il fallait les fixer ; la chambre obscure est un miroir ; de ce miroir il fallait faire un tableau.

C’est ce qu’avaient déjà essayé Charles, en France, Wedgwood et Davy, en Angleterre, et ce que Niépce tenta après eux.

Le procédé qui lui permit de fixer les dessins de la chambre noire, était fondé sur la même action chimique qu’il avait appliquée à la copie des gravures. Il reposait sur ce fait, que le bitume de Judée, exposé pendant un certain temps aux rayons lumineux, s’oxyde, et devient insoluble dans certains liquides, notamment dans l’essence de lavande ; tandis que les parties non touchées par la lumière, conservent la propriété de se dissoudre dans cette essence.

Quant à la pratique de l’opération, Niépce procédait de la manière suivante. Il appliquait une couche de bitume de Judée sur une lame d’étain, qu’il plaçait dans la chambre noire, et il faisait tomber à sa surface, l’image transmise par la lentille de l’instrument. Au bout d’un temps fort long, la lumière avait agi sur la surface résineuse. En plongeant alors la plaque dans un mélange d’essence de lavande et de pétrole, les parties de l’enduit bitumineux que la lumière avait frappées, restaient intactes, tan-