Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 3.djvu/210

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

CHAPITRE V

procédés employés par les photographes pour l’exécution des épreuves stéréoscopiques. — les doubles chambres obscures, et la chambre obscure simple.

Nous avons réservé pour la fin de cette notice la description de la méthode qui est employée par les photographes pour prendre les vues destinées au stéréoscope. Le moment est venu de traiter cette question.

D’après les explications développées dans les pages précédentes, on sait que les épreuves photographiques destinées à être regardées au stéréoscope, et à donner l’effet du relief, doivent être doubles, concorder mathématiquement dans leurs parties centrales, mais différer d’une certaine quantité sur leurs parties latérales. Il faut pour cela, que l’épreuve de gauche ait été prise dans une direction un peu inclinée à gauche, et l’épreuve de droite dans une direction un peu oblique à droite.

L’angle qui représente ces différences d’aspect, varie selon que les objets sont rapprochés ou éloignés. Cet angle doit être beaucoup plus grand pour la vue stéréoscopique d’un paysage, c’est-à-dire pour un champ très-étendu de vision, que pour un buste ou un portrait, que l’on photographie à faible distance. On fait donc usage de deux appareils différents, selon que l’on veut prendre une vue stéréoscopique d’un objet rapproché ou éloigné. Dans le premier cas, on se sert de deux chambres noires ; un seul appareil suffit pour le second cas.

Nous considérerons le premier cas, et supposerons qu’il s’agisse de faire deux épreuves stéréoscopiques du buste représenté sur la figure 129.

Sur une planchette portée par un trépied, on pose deux petites chambres noires, à la distance de 2 mètres environ du modèle, et l’on fixe ces deux chambres noires sur la planchette, au moyen de la coulisse et de la vis dont cette planchette est munie, en les tenant à un écartement de 0m,12 à 0m,15 environ. On aura préalablement déterminé le centre de figure du verre dépoli de la chambre obscure, sur lequel doit se former l’image, en traçant sur cette glace, au moyen d’un crayon, deux diagonales. Le centre de figure est le point où les deux diagonales se coupent. Alors on recevra l’image du modèle sur la glace de la chambre noire de gauche ; et on la mettra bien au foyer de la lentille, en remarquant avec attention quelle est la partie du modèle qui vient former son image sur le centre de figure de la glace. Ensuite on mettra au point la chambre noire de droite, en amenant sur le point central de sa glace, la même partie du modèle qui occupait le centre de la première glace.

Les positions des deux chambres noires étant ainsi bien déterminées, on les arrête dans cette position, au moyen de la vis dont la planchette est munie, et l’on remplace les glaces dépolies des chambres noires, par les châssis contenant la lame de verre collodionnée. Alors, découvrant l’obturateur, on reçoit l’impression chimique sur la lame de verre collodionnée de l’une des chambres noires ; puis on opère de la même manière pour l’autre glace collodionnée.

Ces plaques collodionnées, retirées des châssis des chambres noires, sont ensuite traitées à la manière ordinaire, c’est-à-dire transformées en clichés négatifs, lesquels serviront à tirer les épreuves positives, sur papier. Ces deux épreuves positives étant rapprochées, c’est-à-dire appliquées sur le carton, à une faible distance l’une de l’autre, seront prêtes à être introduites dans le stéréoscope.

Au lieu de tirer ces épreuves sur papier, on les tire quelquefois sur une lame de verre, dont la transparence ajoute beaucoup à l’effet.

Cette méthode n’est plus applicable, quand il s’agit de prendre des vues stéréoscopiques d’objets très-éloignés, par exemple, de paysages ou de monuments. Dans ce cas, une seule chambre noire est employée pour pro-