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Fig. 141. — Le feu grégeois employé par les assiégeants et les assiégés au siége de Constantinople par Mahomet II, en 1453.


riences pyrotechniques de Chevallier, exécutées sous le Consulat.

Dupré, né aux environs de Grenoble, était orfèvre, à Paris. En essayant de fabriquer de faux diamants, il avait découvert, dit-on, une liqueur inflammable d’une activité prodigieuse. Chalvet, qui rapporte ce fait dans sa Bibliothèque du Dauphiné, assure que cette liqueur consumait tout ce qu’elle touchait, qu’elle brûlait dans l’eau, et reproduisait, en un mot, tous les effets anciennement attribués au feu grégeois.

Dupré fit instruire Louis XV de sa découverte, et sur l’ordre du roi, il exécuta quelques expériences à Versailles, sur le canal, et dans la cour de l’Arsenal, à Paris.

C’était en 1755 ; on était engagé contre les Anglais dans cette guerre désastreuse qui devait amener la ruine de notre puissance navale. Dupré fut envoyé dans divers ports de mer, pour essayer contre les vaisseaux l’action de sa liqueur incendiaire. Les effets que l’on produisit furent si terribles, que les marins eux-mêmes en furent épouvantés. Cependant Louis XV, cédant à un noble sentiment d’humanité, crut devoir renoncer, malgré les pressantes nécessités de la guerre, aux avantages que lui promettait cette invention. Il défendit à Dupré de publier sa découverte, et, pour assurer son silence, il lui accorda une pension considérable et la décoration de Saint-Michel.

Dupré est mort sans avoir trahi son secret ; mais Chalvet avance une atrocité inutile, lorsqu’il prétend que l’opinion commune accusa Louis XV d’avoir précipité sa mort.

Selon M. Coste, un artificier nommé Torré aurait retrouvé, sous le ministère du duc d’Aiguillon, un secret analogue à celui de Dupré.

« Le secret du feu grégeois, dit M. Coste, a été retrouvé en France, sous le ministère du duc d’Aiguil-