Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 3.djvu/248

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

On a également jugé indispensable de lisser la poudre. Le lissage consiste à durcir et à polir la surface du grain, pour qu’il ne se réduise pas de nouveau en poussier, pendant les transports ou les manipulations.

Plus les grains sont gros, et plus est lente la combustion de la poudre. Le diamètre des grains de la poudre à canon, fabriquée en France, varie entre 2mm, 5 et 1mm, 4 ; et celui des grains de la poudre à mousquet entre 1mm, 4 et 0mm, 6. Les grains des différentes poudres de chasse sont encore plus petits.

En résumé, la poudre est composée de salpêtre, de charbon et de soufre, parfaitement broyés et intimement mêlés, divisés en grains de grosseur déterminée, puis lissés, enfin séchés et époussetés. Nous décrirons ces différentes opérations telles qu’elles se pratiquent dans nos grandes poudreries ; mais il sera bon auparavant, de faire bien connaître les propriétés des trois ingrédients de la poudre, c’est-à-dire le salpêtre, le soufre et le charbon.

Salpêtre. — Le salpêtre a tiré son nom de son origine naturelle. Au viiie siècle, les savants qui n’écrivaient qu’en latin, l’appelèrent, pour rappeler qu’il est extrait des pierres, du nom de sal petræ, c’est-à-dire sel de pierre. On l’extrait, en effet, de certaines pierres, à la surface desquelles il se produit naturellement.

À l’époque de la création de la nomenclature chimique, on plaça, avec raison, le salpêtre parmi les sels, et on le nomma nitrate de potasse, et plus tard azotate de potasse, parce qu’il résulte de la combinaison de l’acide nitrique, ou azotique, avec la potasse. Les mots salpêtre, nitre, nitrate de potasse et azotate de potasse, sont donc synonymes.

Le salpêtre, se trouve sur les murs humides, à la surface desquels il forme de petites aiguilles blanchâtres, d’une saveur froide et piquante. Comment se produit-il spontanément dans la nature ? L’acide azotique prend naissance aux dépens des éléments de l’air, dans les orages, par suite de la combinaison de l’oxygène avec l’azote. Sous l’influence de la décharge électrique, l’oxygène et l’azote qui existent dans l’air, se combinent et forment de l’acide azotique. Cet acide azotique tombe, dissous par l’eau de la pluie, sur la terre, et se combinant avec la chaux, la magnésie ou la potasse du sol, forme de l’azotate de chaux, de magnésie ou de potasse.

Cependant cette source de salpêtre n’est pas d’une grande importance. C’est dans d’autres conditions naturelles que ce sel se produit abondamment.

Toutes les fois que de l’oxygène et de l’azote se trouvent en présence, dégagés d’une combinaison quelconque, ils s’unissent, et forment de l’acide azotique. S’il existe, à proximité, une base alcaline ou terreuse, comme de la potasse, de la chaux, de la magnésie, cette base se combine à l’acide azotique, et forme des azotates de potasse, de soude, de chaux, de magnésie ou d’ammoniaque. La présence de ces bases hâte, et provoque, pour ainsi dire, la formation de l’acide azotique.

Le salpêtre se forme naturellement dans tous les lieux humides où existent des matières animales riches en azote, c’est-à-dire dans les caves, les étables, les fosses à fumier, ainsi que sur les murs des habitations. Il n’apparaît que jusqu’à une certaine hauteur sur ces murs, parce que l’humidité est une condition nécessaire à sa formation, en vertu du vieil adage chimique, corpora non agunt nisi soluta ; on n’en trouve guère, en effet, au-dessus du premier étage. La formation du nitre est une cause incessante de destruction des murailles. Ce sel ronge et carie les plus fortes assises ; rien ne peut arrêter cette cause d’altération, sans cesse agissante. Il faut extraire les pierres qui en sont atteintes, et les remplacer.

Partout où la végétation a existé, les couches superficielles du sol renferment du salpêtre ; car l’acide azotique et la potasse ont