Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 3.djvu/293

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
Fig. 169. — Effets de l’explosion de l’atelier pour la fabrication du fulmi-coton, à la poudrerie du Bouchet, le 17 juillet 1848.


s’était décomposé spontanément dans un bocal de verre.

Ces faits ne peuvent laisser aucun doute sur le fait de la décomposition spontanée du pyroxyle. Plus la masse en travail de décomposition est considérable, plus la chaleur développée doit être intense, et l’on conçoit qu’alors la masse entière puisse devenir la proie d’une inflammation spontanée. Telle est probablement la cause des explosions qui arrivèrent le 23 mars 1847, et le 2 août de la même année, dans les magasins de Vincennes où l’on conservait quelques barils de fulmi-coton.

C’est une cause du même genre qui amena, à la poudrerie du Bouchet, la catastrophe du 17 juillet 1848. On avait préparé, au Bouchet, 1 600 kilogrammes de poudre-coton, et quatre ouvriers étaient occupés à l’enfermer dans des barils, lorsque, sans cause connue, le magasin sauta. Les désastres furent effroyables. Les quatre ouvriers occupés à emmagasiner le coton-poudre furent tués, trois autres blessés. Le bâtiment, dont les murs avaient, les uns, 1 mètre et les autres 0m,50 d’épaisseur, fut détruit de fond en comble ; il se forma, à sa place, une excavation de 16 mètres de diamètre sur 4 de profondeur (fig. 169). Toutes les douves et tous les cercles des barils, où le pyroxyle était enfermé, avaient entièrement disparu, comme s’ils eussent été volatilisés. Toutes les pièces de bois de la construction étaient brisées. Cent soixante-quatre arbres situés aux environs, étaient complètement emportés ou coupés, les uns ras de terre, les autres à diverses hauteurs ; les plus voisins étaient dépouillés de leur écorce et divisés jusqu’aux racines en longs filaments. Jusqu’à 300 mètres environ, on retrouva une ligne de matériaux placés par ordre de densité, les pièces de bois le plus près, ensuite les pierres, enfin plus loin les débris de fer.