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année, au siège de Cambrai, par Édouard III. Elle a également établi la fabrication des canons à Cahors, en 1345.

Dès le principe, on fabriqua des canons de deux espèces. Les bombardes (du radical celtique bom qui signifie bruit) étaient des tubes de petite dimension, du moins dès le début, et percés d’une lumière vers la culasse. Telle fut la bouche à feu primitive. Les veuglaires (du mot flamand vogheleer, oiseleur) étaient faits de deux parties, qui s’adaptaient exactement l’une à l’autre : la chambre à feu et la volée. On manœuvrait la chambre à feu au moyen d’une anse, dont elle était pourvue, pour l’ajuster à la volée, simple tube de fer ouvert à ses deux bouts. Chaque veuglaire avait, en général, plusieurs chambres ; on chargeait les unes, pendant qu’une autre, ajustée à la volée, exécutait le tir ; de telle sorte que le tir des veuglaires était plus rapide que celui des bombardes.

Fig. 174. — Veuglaire du Musée d’armes de Bruxelles.
Fig. 175. — Autre veuglaire du Musée d’armes de Bruxelles.

Il n’existe pas, au musée d’artillerie de Paris, de veuglaire proprement dite, c’est-à-dire de pièce à chambre à feu mobile, pourvue d’une anse, pour la manier. Mais on en voit un certain nombre au Musée d’armes de la ville de Bruxelles. Les figures 174 et 175 représentent deux veuglaires, dont nous avons pris nous-même le croquis, au mois de juin 1868, dans le Musée d’armes de cette ville. Ces pièces à feu destinées à lancer des boulets de pierre, sont longues d’un mètre et ont un fort calibre (20 centimètres de diamètre pour la première et 16 centimètres pour la seconde). Elles portent sur le catalogue du musée, les nos 46 et 47 Z. Une trentaine de boulets de pierre, et toutes sortes d’instruments de fer, pince, tenaille, fourche, grand marteau, qui accompagnent ces bouches à feu, servaient évidemment à les charger. Quatre chambres à feu avec leur anse, mais sans leur volée (no 49 Z) sont suspendues près de ces deux pièces.

Ces objets, d’une grande importance pour l’histoire de l’artillerie, furent retirés, en 1858, du puits du château de Bouvignes, près Dinant (Belgique), où ils avaient été jetés, pêle-mêle avec les défenseurs de ce château, lorsque les Français prirent d’assaut la ville de Dinant, en 1554.

Les premières bombardes étaient si petites qu’elles n’avaient pas d’affût. Nous les rangerions parmi les armes portatives, si leur mention à cette place n’était nécessaire à l’intelligence de l’histoire des origines de l’artillerie.

Fig. 176. — Petite bombarde posée sur un affût à main, d’après Valturius.

La figure 176 représente une des bombardes dessinées par Valturius, dans son ouvrage latin De re militari, écrit dans la première moitié du xve siècle. Valturius, qui écrivait en latin, donnait aux premières bouches à feu, les noms des machines de guerre employées dans l’antiquité chez les Romains : il les appelait ballista du nom des anciennes balistes des armées romaines.

Cette bombarde pouvait être tirée, posée à terre sur son affût, ou bien appuyée sur l’épaule droite d’un soldat, qui y mettait le feu de la main gauche, c’est ce que représente la figure 177, tirée, comme la précédente, de l’ouvrage de Valturius.

L’âme des bombardes n’était pas toujours