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Fig. 197. — Couleuvrine du xv sur son affût (page 332).


lues, au moyen de gabarits en bois. Quand la bombarde était chargée, le canonnier remplissait la lumière de « pouldre d’amorse », c’est-à-dire de poussier ; puis il disposait une traînée de poudre ordinaire aboutissant à la lumière, et il allumait cette traînée, à l’aide d’un fer rouge. Pendant que la poudre d’amorce brûlait, le canonnier se sauvait à toutes jambes ; car on n’était jamais assez sûr de la solidité de la bombarde, pour que l’artilleur ne pût « encourir et enchoir très-grand inconvénient et dommage de vye. »

Le matériel d’artillerie comprenait toujours un brasier, des soufflets, et tout l’attirail nécessaire pour faire rougir les fers destinés à mettre le feu à l’amorce. Toutefois l’existence d’un foyer à proximité de la bombarde, ne laissait pas que de faire courir quelques dangers aux canonniers.

L’auteur du manuscrit dont nous parlons, fixe le poids de la charge de poudre au neuvième de celui du boulet de pierre, et il cherche longuement à expliquer comment, la chambre n’étant pas remplie de poudre, le boulet est chassé avec plus de force et lancé plus loin que si la chambre était pleine.

«… Le traict d’un canon chargé de pouldre est de mille et cinq cents pas ou environ, et quand il est chargé de pouldre plus forte et meilleure que la dicte pouldre commune il traict deux mille pas ou environ. »

Il s’agit ici de la bombarde moyenne et la plus fréquemment usitée, lançant le boulet de pierre « pesant cent livres en pois de Venise. » Ces derniers mots semblent indiquer que l’auteur du manuscrit avait puisé ses connaissances en Italie.

Voici la règle du tir en brèche nettement posée dès cette époque :

« Pour destruire et faire cheoir une tour à peu de traiz, chargez vostre bombarde d’un bon tampon qui soit faict de boys par avant bien trempé en eaue et abrevé, et la pierre qui soict liée de cercles de fer tout à l’entour en croix, puys ayez une bonne esgale et juste mesure (pour la pouldre), et prenez bien vostre visée à tirer ou jecter contre la tour. Tirez à la hauteur de deux hommes et faictes tous vos traiz collatairement et à costé l’un de l’autre, non pas l’un en bas et l’autre en hault, mais de pareille hauteur. »

On connaissait une espèce de tir à mitraille : c’est ce que l’auteur appelle « tirer en manière de tempeste. »

Les pierres étaient quelquefois remplacées par des morceaux de fer :

« D’une bombarde, canon ou aultre baston de canonnerye, pour espouvanter le peuple, on peut tirer d’un traict plusieurs pierres comme quatre pièces de fer en manière d’un hériçon. »