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à l’ouvrage de M. Favé, fait voir une bombarde montée sur une voiture à quatre roues. C’est, dit M. Favé, une pièce de campagne complète, avec tous les perfectionnements que l’art avait su apporter au mécanisme de l’affût. La bombarde, attachée à son fût par des embrasses de fer, appuyait sa culasse contre un heurtoir de bois, renforcé par des appuis ; La faiblesse de la charge permettait peut-être de tirer cette pièce sans ôter l’avant-train, mais le pointage latéral devait être alors plus difficile que quand la crosse posait à terre. Les arcs de pointage étaient soutenus par des tiges de fer.

Fig. 203. — Bombarde de Charles-le-Téméraire sur son affût.

La figure 203 représente un affût qui ressemble beaucoup, dit M. Favé, à ceux qui se trouvent encore aujourd’hui en Suisse, au nombre des trophées conquis sur l’armée de Charles-le-Téméraire, à la bataille de Morat. Le mode de pointage dans le sens latéral et dans le sens vertical, se comprend à la seule inspection de la figure.

Les très-grosses bombardes n’avaient pas d’affût. Elles étaient posées sur les murailles des forteresses ou sur les tours fortifiées des villes, encastrées dans des massifs de maçonnerie, attachées par des embrasses métalliques, et complétement immobiles. Leur portée obligeait seulement les assiégeants à placer leur camp hors de l’atteinte du boulet dans cette direction. Celles qu’on transporta au siége des villes, comme la Bombarde de Gand, durent avoir des affûts énormes et massifs, dans le genre de celui que représente la figure 204 que nous empruntons à l’ouvrage de M. Favé. Cet affût se compose d’un gros bloc de bois, AB, auquel la bombarde est liée par des embrasses de fer. Ce bloc de bois est muni de roulettes, et se meut sur des madriers CD, EF portant un heurtoir G, et assemblés à la façon d’une charpente. Presque toute la partie immobile était encastrée dans la terre.

Fig. 204. — Affût d’une grosse bombarde de siége.

La résistance de cet affût était considérable. Seulement, comme nous venons de le dire, le pointage était presque impossible, et la bombarde devait tirer presque tous ses coups sur le même point. Elle ne pouvait servir qu’embossée sur les remparts d’une ville, pour tenir à distance l’ennemi.


CHAPITRE IV

influence des premières armes à feu sur le tracé des fortifications. — les armes et les fortifications pendant le moyen age. — les travaux de siége avant l’invention de l’artillerie. — effets des grandes bombardes et des petites bouches à feu dans les siéges des places fortes.

À l’époque où nous sommes arrivés, c’est-à-dire vers 1460, les armes à feu ne jouaient qu’un rôle très-secondaire dans les armées. Elles s’appliquaient surtout à la guerre des siéges, et ne servaient que très-rarement sur les champs de bataille. Il est intéressant de montrer comment l’art de l’attaque et de