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Le fût s’articule à charnière avec la tête de la flèche CD, laquelle est aussi formée d’une seule pièce de chêne garnie de ferrures. À la réunion de son tiers postérieur et de ses deux tiers antérieurs, la flèche porte deux arcs de cercle E, F, destinés au pointage de la pièce.

Des trous percés dans ces arcs et qui se correspondent, servent, d’après un mécanisme que nous avons déjà vu mettre en usage, à placer la cheville qui fait varier le pointage. Ici, la charnière qui relie le fût AB et la flèche CD, fait l’office de tourillons, et cet agencement indique que l’époque où fut construite la serpentine n’était pas éloignée du moment où devaient apparaître les tourillons et les affûts à flasques.

Le canon étant très-lourd relativement à son projectile, il n’était pas nécessaire que l’affût offrît une plus grande résistance.

Pour terminer cette description, disons encore qu’un crochet placé vers la tête du fût donnait attache aux cordes des pionniers pour faire avancer la pièce, la bouche en avant ; un autre crochet porté par les esses des essieux donnait le moyen de la traîner la bouche en arrière.

Cette bouche à feu est le type de l’artillerie ancienne avant l’invention du tourillon.

Fig. 212. — Bouche à feu à tourillon de l’artillerie de Charles-le-Téméraire.

La figure 212 représente un canon du nouveau modèle, c’est-à-dire porteur d’un tourillon. On voit que la pièce libre sur ses tourillons n’est point encastrée dans les flasques ; elle peut donc se mouvoir dans le plan vertical et recevoir le pointage imparfait donné par les changements de position d’une cheville qui, traversant les flasques, supporte le bouton de culasse.

Les tourillons ne sont point forts, à la vérité, mais on doit songer que, comme la précédente, la pièce était en fer forgé, que, comme elle, elle était de petit calibre, et présentait un poids énorme relativement au poids du boulet. Les tourillons sont retenus par des sus-bandes et des sous-bandes en fer, donnant un encastrement solide. Les sus-bandes à charnières et à crochet permettaient d’ôter la pièce de son affût et de l’y remettre.

Les flasques sont exactement semblables et parallèles, ils sont reliés à l’avant par l’essieu, et à l’arrière par un coffret destiné à contenir de menues munitions. Une boucle attachée au coffret sert à soulever la crosse dans les diverses manœuvres.

Comme la précédente, cette pièce eût été incapable de lancer un gros boulet, parce qu’elle était formée d’un simple assemblage de barres de fer, et parce que les tourillons, trop petits, eussent cédé sous un effort un peu considérable. Le pointage dans le sens horizontal donné par les mouvements des roues, était alors aussi facile qu’il l’est aujourd’hui, mais les variations dans le sens