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Les grenades du poids de 100 livres, lancées à 2 400 pieds par des mortiers, sont évidemment des bombes ; mais ce terme n’était pas encore créé, et la similitude des nouveaux projectiles avec les anciennes grenades, fait que Houdins leur conservait ce nom.

Depuis longtemps les artilleurs allemands, français, flamands, etc., savaient lancer à la main des grenades, « globes faicts de métail le plus aigre et cassant, et remplis de pouldre fine. » Pour les lancer, on les plaçait au milieu d’une balle à feu. Les couches extérieures de la balle à feu brûlaient lentement, et arrivaient à mettre le feu à la poudre fine et à déterminer l’explosion.

Mais on lançait surtout les grenades dans un sac. On remplissait le sac de « soufre, pouldre et salpêtre. » Au milieu de cet amas, on disposait la grenade munie d’une « brochette. » C’était une mèche de bois, imprégnée de matières inflammables qui bouchait l’ouverture du projectile creux. La brochette était dirigée vers le fond du sac et sortait par un trou ménagé dans l’étoffe. Pour mettre le feu, on plaçait d’abord la grenade à la place voulue, puis on tirait un peu au dehors la brochette ; on tassait la matière inflammable au-dessus du projectile, et on allumait la brochette. À ce moment on lançait contenant et contenu.

Toutes ces complications disparurent dès qu’on songea à munir la bombe d’une fusée, c’est-à-dire d’un petit tube remplissant parfaitement l’ouverture du projectile explosif, et que l’on remplissait d’une matière brûlant bien, et avec une lenteur suffisante.

Les Allemands paraissent avoir beaucoup avancé dans cette voie. Le manuscrit du commandant de l’artillerie de Dantzick, Senfftenberg, dont nous avons eu déjà occasion de parler, nous fournit les documents relatifs à ce sujet.

Dans le chapitre intitulé : De la forme des tubes adaptés aux boulets explosifs, on trouve décrites les deux manières de communiquer le feu à un boulet creux placé dans un mortier. Le mot de bombe n’étant pas encore créé, l’auteur emploie tantôt le mot de boulet, et tantôt celui de grenade, pour désigner le nouveau projectile explosif.

Fig. 251. — Le tir de la bombe à deux feux.

La première manière consiste à tirer la bombe à deux feux. Dans l’intérieur de la bombe, la fusée est tournée vers la bouche du mortier. La figure 251, empruntée à l’ouvrage de Senfftenberg, montre comment l’artilleur allume d’abord la fusée, puis la poudre d’amorce de la pièce.

Fig. 252. — Le tir de la bombe à un seul feu.

Senfftenberg trouve cette méthode la plus longue, la plus dangereuse, la plus mauvaise ; ce fut pourtant celle que Malthus in-