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12 pouces, l’autre de 10 pouces de diamètre, et parvint à lancer la bombe à 1 200 toises.

L’épaisseur des parois de la pièce et l’épaisseur du métal de la bombe devinrent plus grandes que dans l’ancien système. La bombe présentait un renfort de métal à sa partie inférieure, pour que le centre de gravité fût de ce côté, et que la fusée ne courût pas risque de s’éteindre en touchant terre.

Plus tard, Gribeauval adopta le modèle de mortiers du général Gomer. Dans ce mortier, l’âme, au lieu de se terminer en chambre, va se rétrécissant graduellement en forme conique. Cette disposition présente sur l’autre l’avantage de laisser une plus grande surface de la bombe exposée au choc de l’explosion de la charge ; elle diminue ainsi les chances de voir le projectile se briser dans le mortier.

Fig. 288 et 289. — Mortier à la Gomer.

Tous les canons eurent un grain de lumière en cuivre rouge, vissé à froid et pouvant être remplacé après son évasement amené par le tir. Gribeauval put alors supprimer les petites chambres des canons de De Vallière.

Le vent du boulet fut fixé, et le diamètre des boulets contrôlé à l’aide de lunettes circulaires, dans lesquelles ils devaient passer exactement dans tous les sens.

Pour effectuer le pointage on adopta la vis du canon suédois que nous avons représentée (page 392, fig. 279, D), un peu modifiée seulement quant à la manivelle, à laquelle on donna quatre branches. C’est encore la forme de la vis de pointage actuelle, même pour les canons rayés.

La hausse des canons, proposée par Robins, devint réglementaire.

Voulant diminuer le coup de fouet de la culasse sur l’affût, au moment du recul et ménager la vis de pointage, Gribeauval rapprocha les tourillons de l’axe de la pièce, mais comme avec cette disposition nouvelle, les tourillons ne présentaient plus la même solidité d’implantation, il les munit d’embases.

Enfin Gribeauval, pour conserver l’uniformité au système qu’il venait d’établir, envoya dans tous les ateliers des machines et des lunettes circulaires pour la vérification des pièces. La construction des différentes parties du matériel de l’artillerie acquit ainsi une précision jusqu’alors inconnue.

Il introduisit encore l’usage de l’étoile mobile, instrument destiné à mesurer les dimensions et les formes des âmes des bouches à feu.

Les innovations de Gribeauval eurent le sort de toutes les idées utiles. Des détracteurs, pleins de passion, s’attachèrent à chacune des parties de son vaste système. Une vive polémique s’engagea, et la raison ne put pas toujours parvenir à se faire entendre. Les critiques furent si vives qu’en 1772, le gouvernement de Louis XV se crut obligé d’abolir le système de Gribeauval, et d’en revenir à l’ancien mode de choses.

Cependant, deux années plus tard, à l’avénement de Louis XVI, Gribeauval triompha dans cette lutte, et fit adopter définitivement toutes ses innovations. La charge de grand-maître n’existant plus, il fut nommé inspecteur général de l’artillerie, et jusqu’en 1789, année de sa mort, il put encore travailler librement à l’amélioration de l’organisation et du personnel de l’artillerie. Gribeauval avait partagé cette arme en divisions, pour la faire entrer dans les cadres des divisions d’infante-