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rie. C’est encore à ce grand organisateur qu’on doit la création des équipages de pont. Mais nous sortirions de notre sujet si nous voulions seulement énumérer les institutions utiles que Gribeauval a fondées.

Le système complet de cet homme de génie a subsisté, comme nous l’avons dit, pendant la Révolution, pendant les guerres du premier Empire, sous la Restauration et sous Louis-Philippe. Il n’a été modifié que par la transformation radicale amenée dans l’artillerie par l’invention des canons rayés. L’exposé des travaux de Gribeauval termine donc l’histoire de l’artillerie moderne jusqu’au milieu de notre siècle.

Pour clore cette Notice, il nous reste à parler de la révolution qui s’est accomplie de nos jours dans le matériel de l’artillerie.


CHAPITRE XV

notions de balistique. — exposé de la question de la trajectoire des projectiles. — trajectoire du boulet dans le vide. — travaux de galilée, de torricelli. — expériences sur la résistance de l’air. — loi de newton. — trajectoire construite d’après cette loi. — jean bernouilli. — nouvelles expériences de robins. — la loi de newton n’est pas applicable aux grandes vitesses de projectiles. — invention de tables de tir.

Il serait impossible de comprendre les dispositions et l’utilité des armes modernes perfectionnées par la rayure des bouches à feu, ainsi que l’utilité de la forme nouvelle que l’on donne aux projectiles, sans posséder les éléments de la balistique, c’est-à-dire de la mécanique appliquée au tir des bouches à feu. Nous allons donc essayer d’exposer, par une méthode élémentaire, mais suffisamment précise, les principes généraux de cette science. Nous réclamerons ici, et dans son intérêt même, toute l’attention du lecteur.

Quand on procède à l’examen d’une question complexe, il est bon de partir des principes les plus élémentaires, pour passer graduellement à des considérations plus difficiles, et arriver ainsi aux conclusions finales. Telle est la méthode que nous suivrons, et nous prions le lecteur de nous suivre, sans s’étonner du chemin que nous lui ferons parcourir.

Nous nous proposons de déterminer la trajectoire d’un projectile quelconque, c’est-à-dire la ligne que suit un corps pesant lancé en l’air, dans une direction, avec un mouvement, avec une force quelconques, et abandonné à l’action de la pesanteur.

Pour commencer, en réduisant la question à ses termes les plus élémentaires, nous supposerons qu’il n’y ait pas d’air, qu’il n’y ait pas de pesanteur, et que le corps considéré soit placé au milieu d’un espace vide, d’une étendue indéfinie. Aucune force ne sollicite ce corps, il est immobile. Mais il vient à recevoir un choc, il est touché par un autre corps pendant un temps indéfiniment court. N’oublions pas que nous faisons, dans notre hypothèse, abstraction de la pesanteur ; qu’arrivera-t-il ?

Le corps considéré se mettra en mouvement ; il ira jusqu’à l’infini, puisque rien ne peut l’arrêter, puisque rien ne peut lui ôter la force qui vient de lui être communiquée, et que cette force est toujours égale. Mais puisque cette force est toujours égale, le mouvement du mobile sera toujours également rapide ; et comme il n’y a pas de raison pour qu’il n’aille pas toujours droit devant lui, sa trajectoire sera une ligne droite.

Appelons force simple, la force que nous venons de considérer.

Si nous assimilons à une force simple l’effet d’une charge de poudre faisant explosion dans une bouche à feu, il est clair que dans les mêmes circonstances énumérées ci-dessus, la trajectoire d’un boulet de canon sera une ligne droite, infinie en longueur, et que la vitesse de ce mobile sera toujours la même.

Si maintenant, faisant toujours abstraction de l’existence de l’air, nous admettons l’action de la pesanteur, c’est-à-dire l’action de