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Fig. 299. — Canon obusier à la Paixhans.

CHAPITRE XVIII

rénovation de l’artillerie moderne par les travaux de paixhans publiés en 1822. — les canons obusiers à la paixhans. — caronades. — les batiments cuirassés nécessitent un accroissement dans la puissance des bouches à feu.

L’histoire des transformations continuelles que l’artillerie a subies depuis son origine, fournit l’exemple, le plus remarquable peut-être, des perfectionnements que les efforts réunis de tous les peuples, les encouragements, les nécessités pressantes de la guerre ou celles de l’industrie, peuvent apporter à l’application d’un principe défini. La même histoire intéresse la science tout entière, car les améliorations apportées à l’artillerie sont généralement la conséquence d’un progrès accompli dans l’industrie ou dans une des branches de nos connaissances.

Quelque admirablement établie que fût l’artillerie de Gribeauval, si ce grand réformateur fût revenu au monde un demi-siècle après son œuvre achevée, il eût trouvé à réformer son propre système. C’est que l’art et la science avaient marché. L’artillerie qui avait suffi aux guerres de l’Empire, alors que la métallurgie et l’industrie n’avaient pu fournir que peu d’éléments de progrès à la fabrication des canons, n’était plus en harmonie avec les progrès de toutes sortes qu’avaient faits depuis cette époque les différentes branches de l’industrie et des arts.

C’est par une réforme dans l’armement de marine que commença la rénovation de l’artillerie.

L’auteur de cette réforme mémorable fut un chef de bataillon au corps royal de l’artillerie, H. J. Paixhans, un des hommes les plus remarquables qui aient honoré notre armée.

Paixhans apprit à fabriquer des canons capables de lancer des bombes, c’est-à-dire à faire jouer aux canons le rôle de mortiers, et il édifia un système complet et irréprochable pour l’installation de ces nouvelles bouches à feu à bord des navires.

Jusqu’à la Restauration, on ne construisit et on n’employa, pour les combats en mer, que les boulets pleins et ronds, de 22, 24, 32, 36 et 48 livres. On les tirait à des charges de poudre ne dépassant pas le tiers du poids du boulet ; et ils ne compromettaient grièvement l’existence du bâtiment attaqué que dans le cas où ces boulets étaient rougis, cas qui n’existe point pour les combats de navire à navire.

En 1794, on avait conçu l’espoir d’armer les bâtiments de guerre, d’obusiers, c’est-à-dire de remplacer les boulets pleins par des