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Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 3.djvu/434

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pièce. Ce défaut tend à disparaître à mesure des améliorations dans la construction des bouches à feu. Il a conduit cependant à donner au sabot de faibles dimensions, pour que le forcement fût moins complet et plus difficile à opérer. On réduirait donc les avantages de ce mode de chargement.

Le deuxième inconvénient n’appartient pas seulement aux sabots de plomb, mais encore à toutes les enveloppes ou adjonctions de métal mou mises en usage dans les projectiles de divers systèmes. La force de l’explosion et l’action des rayures, arrachent ce métal, et le répandent en pluie tout autour de la bouche du canon, au grand danger des servants des pièces et des assistants.

On a essayé de remplacer l’enveloppe de plomb, par un manchon de toile grasse, par du papier mâché, ou par des moyens analogues, mais le succès n’a pas répondu à l’attente des expérimentateurs.

Le troisième groupe des systèmes proposés avant la création de l’artillerie actuelle, consiste, avons-nous dit, à communiquer le mouvement du projectile dans le plan exact de l’axe de la bouche à feu, au moyen d’ailettes ou de boutons saillants fixés à la surface du boulet, et destinés à s’engager dans les rayures de la bouche à feu.

Le premier boulet de cette espèce paraît avoir été construit en 1845, par le major sarde Cavalli, maintenant général dans l’armée italienne. Le canon créé par l’officier piémontais, n’avait que deux rayures, creusées en face l’une de l’autre, et d’un pas égal depuis le tonnerre jusqu’à la bouche. Ce fut en même temps le premier canon se chargeant par la culasse.

Le boulet portant deux ailettes de même inclinaison que les rainures, et destinées à s’engager dans leur intérieur, n’était pas ainsi suffisamment soutenu ; il pouvait ballotter dans l’âme, et même se coincer, et faire éclater la pièce. Cavalli ajouta à son projectile deux boutons, situés sur l’avant, pour glisser sur la surface lisse de la pièce et faire office de sabot.

Nous reviendrons avec plus de détails sur le système Cavalli, dans le chapitre suivant. Ce canon fit naître d’abord de grandes espérances. Les arsenaux piémontais en construisirent un grand nombre, qui, restés sans usage, gisent maintenant dans les cours et sous les hangars des fonderies. Si ce système a échoué, cela tient peut-être à ce que l’inventeur avait voulu trop innover tout d’un coup ; les bonnes choses qu’il avait imaginées, se sont perdues au milieu de détails défectueux.

Quoi qu’il en soit, la portée et la précision des nouveaux projectiles du major Cavalli étaient trop bien établies, les expériences faites en Suède et en Sardaigne avaient proclamé ces résultats trop haut, pour que de nouvelles tentatives ne se produisissent pas dans la même voie chez les autres nations européennes.

En 1847, le capitaine français Tamisier proposa un système de canons rayés, que les événements politiques ne permirent pas d’expérimenter[1].

À la même époque, le lieutenant-colonel Burnier soumit à une commission, présidée par le colonel Legendre, des projectiles creux et de forme ogivale, portant deux ailettes venues de fonte, faisant une saillie de 6 millimètres. Comme on le voit, ces projectiles, par leur forme, se rapprochaient considérablement de ceux du major Cavalli. Les expériences furent faites à Vincennes, mais elles ne donnèrent pas des résultats satisfaisants.

Le 3 mars 1850, le capitaine Tamisier adressait au ministère de la guerre un mémoire dans lequel il demandait que l’on soumît à l’expérience un système de son invention. Les projectiles étaient munis de six ailettes rectangulaires en cuivre, venant s’appuyer au fond des rayures, et destinées à faire coïncider, pendant le tir, l’axe du projectile avec l’axe de la pièce. Celle-ci était rayée sur le pas de 2 mètres.

  1. Mémorial d’artillerie, VIII.