Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 3.djvu/435

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

La commission à laquelle avait été soumis le système du lieutenant-colonel Burnier, fut chargée des expériences. On tira à faible charge et à petite distance, pour que les constatations fussent plus faciles.

Les résultats ayant été jugés satisfaisants, la commission autorisa le capitaine Tamisier à continuer et à développer ses études.

Pendant ce temps, le commandant Didion, membre de la commission, présenta quelques modifications au système Tamisier. La principale consistait à donner au fond des rayures une surface, non plus parallèle à l’âme de la pièce, mais inclinée d’un flanc de la rayure vers l’autre.

Cette disposition devait permettre de charger facilement le projectile en faisant appuyer ses ailettes au flanc de la rayure située du côté le plus profond, et d’autre part elle avait l’avantage de centrer complétement le projectile au moment du tir, parce qu’alors les ailettes tendant à se porter vers le flanc opposé rencontraient le fond de la rayure et touchaient le fond de tous côtés.

Les figures 306 et 307 feront comprendre ce point important.

Fig. 306. — Projectile à ailettes (position du chargement).

Dans la figure 306, on a donné au projectile la position convenable pour le faire entrer jusqu’au tonnerre. Les ailettes A, B, C, D, E, F, ne rencontrent pas le fond des rayures, et le projectile peut être poussé jusqu’à sa place sans éprouver grande résistance.

Fig. 307. — Projectile à ailettes (position au moment de la sortie).

La seconde figure montre le projectile lancé par l’action de la poudre, au moment où il va sortir de la pièce. Le boulet résistant, par son inertie, au mouvement de rotation, tend à appuyer ses ailettes A′, B′, C′, D′, E′, F′, contre l’autre flanc de la rayure ; mais elles viennent rencontrer les fonds de la rayure, et glissent à cette place, en maintenant la coïncidence de l’axe de l’âme et de l’axe du projectile.

Dans cette position, le boulet est dit centré.

L’essai des modifications proposées par le commandant Didion, fut ajourné, pour ne pas entraver les travaux du capitaine Tamisier.

M. Tamisier apporta alors à son système des perfectionnements extraordinaires. Il allongea son projectile et en fit un obus. Il remplaça les ailettes de cuivre par des ailettes de zinc ; enfin il eut l’idée de couler du plomb entre les saillies d’acier du projectile. Cette disposition, jointe à la rayure de la pièce qui correspond aux saillies du projectile, a l’avantage de produire une occlusion parfaite du calibre de la bouche à feu au moment de l’explosion, et de s’opposer ainsi à tout dégagement, à l’extérieur, des gaz provenant de la combustion de la poudre, en d’autres termes, de supprimer le vent du projectile. Quand le boulet est lancé, le plomb qui garnit le contour du projectile, fond, ou du moins se ramollit.