Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 3.djvu/462

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

que toute la puissance du marteau de cinquante tonnes de l’usine Krupp, cette autre merveille.

Nous extrayons le passage suivant d’une notice que M. Krupp faisait distribuer à l’Exposition universelle de 1867.

« Le canon proprement dit, pesant à lui seul à peu près 20 000 kilogrammes, a été forgé d’un lingot d’acier fondu du poids de 42 500 kilogrammes par le marteau de 50 tonnes ; la différence du poids provient des forgeages, tournage et forage de la pièce, ainsi que de la perte de la tête du lingot. Les frettes forment à la chambre une triple, et à la bouche une double couche pesant ensemble 30 000 kilogrammes ; elles ont été forgées sans soudures, de blocs massifs d’acier fondu…

Le poids du projectile plein en acier fondu est de 550 kilogrammes. Le poids de l’obus en acier fondu est de 490kg, 50 ainsi répartis :

Le projectile 
 382kg, 50
Le manchon de plomb (pour prendre les rayures) 
 100      
La charge du projectile 
 8      

Charge de poudre de la pièce, 50 à 55 kilog.

Prix du canon seul, 393 750 fr. ; avec affût et châssis, 543 750 fr. »

Les grosses bouches à feu destinées à l’attaque des bâtiments cuirassés, sont également construites par M. Krupp dans le système de chargement par la culasse.

Le modèle de bouches à feu le plus en usage en Prusse, pour cette destination, est un canon à rayure, qui lance des boulets du poids de 100 kilogrammes, avec des charges de poudre de 12 kilogrammes. On en construit même plusieurs qui lancent des projectiles de 150 kilogrammes pleins ou de 123 kilogrammes creux.

Voici les dimensions de l’une des bouches à feu que M. Krupp avait envoyées à l’Exposition universelle de 1867, et qui appartient au gouvernement prussien :

Longueur du canon 
 4m, 57            
Poids du canon 
 12 800 kilogr. 
Diamètre de l’âme 
 0m, 228          
Nombre des rayures de la pièce 
 32                 
Poids du projectile 
 125 kilogr.     
Charge de poudre 
 17 à 20 kilogr.

Les canons d’acier fabriqués par M. Krupp n’ont pas tous cette dimension excessive. L’artillerie prussienne conserve ses pièces légères de campagne et de siége. On a vu le modèle de l’une de ces pièces de campagne dans la figure 335.

Le chargement par la culasse est employé sur nos vaisseaux de guerre. Le système de fermeture adopté, est la vis, disposée selon les données de l’Américain Carteman.

La figure 338 représente cette vis ; et à côté le disque d’acier élastique, faisant office de soupape, dont sa tête est coiffée.

Fig. 338. — Fermeture à vis de la culasse du canon de la marine française.

Les canons de l’artillerie de marine sont coulés en fonte douce, puis renforcés par des pattes d’acier, que l’on fait entrer à chaud, pour conserver leur tension initiale après le refroidissement. Cette opération est faite avec une grande habileté, à la fonderie de Ruelle, près d’Angoulême, où se trouve la fabrique des canons de la marine de l’État.

La rapidité du tir avec ce système est très-grande : le canon Krupp seul aurait peut-être sur notre canon rayé de marine quelque avantage à ce point de vue.