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Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 3.djvu/469

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compliqué et même impossible dans une foule de circonstances. On songea donc à la rendre plus maniable. On y parvint en augmentant la largeur de la crosse, pour que le tireur pût l’appuyer contre le plastron de sa cuirasse. Elle prit alors le nom de pétrinal, ou poitrinal.


Fig. 342. — Arquebuse à mèche.
Mais ainsi disposée, la couleuvrine à main était fort gênante, tant à cause de son poids considérable, qu’en raison de la situation particulière imposée au soldat pour en faire usage. On fut obligé de renoncer au pétrinal, et d’en revenir aux supports de l’arme à feu. Chaque fantassin fut muni d’une fourquine, c’est-à-dire d’un bâton ferré par le bas, qui se terminait en fourchette à la partie supérieure. Quand le soldat voulait tirer, il plantait en terre la fourquine, appuyait le bout du canon sur la fourquine, et la crosse de la couleuvrine sur son épaule ; puis il mettait le feu à l’amorce avec une mèche allumée d’avance.

Toutes ces armes étaient très-grossières et très-incommodes. Les hommes de guerre étaient forcés d’avoir à leur solde des goujats, ou des varlets, pour porter la fourquine. En outre, et en raison de leur mauvaise fabrication, les couleuvrines éclataient fréquemment.

Il ne faut donc pas être surpris que les armes à feu fussent encore peu répandues au commencement du xvie siècle, alors que l’artillerie commençait à prendre une certaine importance, surtout dans la guerre de siége. À cette époque, d’ailleurs, il régnait encore, en France du moins, une véritable répugnance contre les armes à feu portatives. On croyait faire acte de lâcheté en opposant à son ennemi une arme qui tuait à distance et sans danger pour le tireur. De là, l’infériorité notable de l’infanterie française aux premiers temps de l’emploi des armes à feu. La malheureuse bataille de Pavie, en 1525, vint ouvrir les yeux aux chefs des troupes de François Ier. L’honneur de cette journée revint presque tout entier aux arquebusiers espagnols, plus nombreux, plus habiles et mieux armés que les nôtres. Par leur feu rapide et bien dirigé, ils arrêtèrent l’élan de l’impétuosité française, et rendirent inutile la charge brillante que François Ier exécuta à la tête de sa noblesse, et dans laquelle il fut fait prisonnier par les Espagnols.