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l’industrie se perfectionnant, on put obtenir des couleuvrines en fer forgé d’un seul morceau.


Fig. 341. — Couleuvrine à main du Musée d’artillerie de Paris.
Le Musée d’artillerie possède cinq ou six spécimens très-bien conservés de couleuvrines à main[1]. Nous représentons ici (fig. 341), l’une des couleuvrines à main du Musée d’artillerie. C’est un canon en fer forgé du calibre de 0m,022 et de 0m,87 de long. On y voit un trou évasé, A, destiné à recevoir de la poudre d’amorce et dans lequel est percée la lumière.

Le caractère principal de cette arme résidait dans sa grande longueur, condition qui était alors jugée nécessaire pour l’augmentation de la portée. En raison de son recul très-prononcé et du choc qui en résultait, le tireur ne plaçait pas la couleuvrine à main contre son épaule. À sa partie antérieure, était attachée une branche de fer, en forme de crochet, que l’on piquait sur un poteau, B, pris comme point d’appui. Le canon était lié à une crosse de bois, C, un peu recourbée, comme le montre la figure 341.

On mettait le feu à la couleuvrine à main au moyen d’une mèche. Deux hommes la servaient : l’un la pointait, l’autre l’allumait.

La couleuvrine à main fut en usage pendant la plus grande partie du xve siècle et les premières années du xvie. Commines rapporte qu’à la bataille de Morat (1476), les Suisses avaient dans leurs rangs dix mille couleuvriniers. Les mêmes hommes d’armes sont cités dans la description de l’entrée de Charles VIII à Florence, en 1494, et dans le récit de la conquête de Gênes, par Louis XII, en 1507. Charles VII avait déjà eu un corps de couleuvriniers à cheval. Ils se servaient de leur arme en l’appuyant sur une fourchette fixée au pommeau de la selle, comme nous l’avons représenté par la figure 182 (page 313).

Cette arme variait beaucoup dans ses dimensions et son poids : elle avait depuis 1m,30 jusqu’à 2m,30 de longueur, et pesait de 5 à 28 kilogrammes. Elle était à crosse ou sans crosse. D’autres, beaucoup plus volumineuses, lançaient des balles de plomb de huit, douze ou treize livres, mais elles rentraient alors dans l’artillerie proprement dite.

La couleuvrine à main était d’un emploi

  1. Sur le catalogue du Musée d’artillerie l’une de ces armes est désignée sous le nom d’arquebuse à croc. Mais on doit lui laisser le nom de couleuvrine, puisqu’elle ne porte aucun mécanisme pour l’inflammation de la poudre.