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armes, parce qu’ils sont absolument nécessaires aux fantassins pour les siéges et les tranchées où il se fait un feu continuel. Ils sont, pour satisfaire à l’ordonnance du roi, de 3 pieds 8 pouces de canon et avec leurs fûts ou montures de 5 pieds, tous montés de bois de noyer, etc. ; leur portée est de 120 à 150 toises. »

Dans la première moitié du xviie siècle (on ne sait pas exactement en quelle année), un progrès très-considérable fut réalisé par l’invention de la platine à silex. Elle fut d’abord connue sous le nom de Platine de Miquelet, parce qu’on la vit pour la première fois, entre les mains des soldats espagnols, connus alors sous le nom de Miquelets.

La nouveauté du système consistait dans ce fait, que l’étincelle ne s’obtenait plus par le frottement d’une roue d’acier, comme dans la platine à rouet, mais par le choc d’une pierre à feu, ou silex, contre une pièce d’acier, nommée batterie, fixée au bassinet par une charnière à ressort. On distinguait deux parties dans la batterie : la table, qui servait à fermer le bassinet, et la face, destinée à recevoir le choc de la pierre. Au moment du choc, le bassinet se découvrait, et l’étincelle produite enflammait l’amorce, qui communiquait le feu dans le canon par la lumière percée sur le côté. La pierre était serrée entre les mâchoires d’un chien, qui s’abattait sous l’action du doigt pressant une détente.

Excellente dans son principe, cette platine offrait l’inconvénient de se détériorer assez promptement, par la raison que le mécanisme était tout entier placé au dehors. On pouvait donc prévoir le moment où, les pièces susceptibles de se dégrader étant rentrées à l’intérieur, on serait enfin en possession d’une arme bien supérieure aux précédentes. En effet, après quelques modifications, parut le fusil, ainsi nommé de l’italien fucile (pierre), qui fut adopté par l’armée française en 1670.

Les figures 346 et 347 donnent le détail de la platine du fusil à silex.

Fig. 346. — Mécanisme du fusil français à silex (côté intérieur caché dans le bois du fusil).

Dans la figure 346, qui représente la platine du fusil vue à l’intérieur, EF est le corps du chien porte-silex, G la batterie, ou couvre-bassinet ; H, le bassinet percé d’un trou, c’est-à-dire de la lumière qui doit communiquer le feu à la poudre contenue dans le canon.

Voici le mécanisme qui provoque la chute violente du chien E contre la batterie G. Il y a deux systèmes d’organes : celui qui arme le chien, et celui qui le fait partir. L’organe de l’armement est à droite, c’est la noix, comme l’appellent les armuriers. Quand on tire sur le chien, on l’amène aux crans d’armement que porte la noix B (fig. 346), en surmontant la résistance du ressort coudé K. Quand on veut faire partir le coup, on tire la gâchette. Cette gâchette, qui n’est pas représentée sur la figure, soulève la queue A, laquelle entraîne la noix B portant les crans d’échappement ou de repos. La contre-noix C, dont l’axe reçoit le chien porte-silex EF, s’échappe alors, tirée violemment par le grand ressort coudé D, qui est en prise sur elle, au point C, et le chien EF s’abat vivement. La pierre rencontrant la batterie G, du couvre-bassinet HI, fait feu, et en même temps abattant par son choc toute cette pièce, elle découvre le bassinet H, dans lequel la poudre d’amorce, disposée préalablement, s’enflamme au contact des étincelles jaillissant du silex. Tous ces mouvements sont enfermés dans le bois du fusil.

L’extérieur de la platine est représenté par la figure 347, On y voit les différents organes du mouvement décrit ci-dessus, et en outre