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un ressort coudé J. Ce ressort presse sur le talon I du couvre-bassinet G, de façon à le maintenir fermé, quand l’arme est au repos.

Fig. 347. — Mécanisme du fusil français à silex (côté extérieur).


Ce même ressort est nécessaire pour offrir une certaine résistance à l’action du chien et produire les étincelles par suite du choc du silex F contre la batterie G.

L’adoption du fusil ne se fit pas sans de grandes difficultés de la part des généraux de Louis XIV, qui tenaient bon pour le mousquet, et voulaient à tout prix conserver le mécanisme du rouet.

Une ordonnance du 28 avril 1653 ordonne d’ôter aux soldats :

« Les fusils dont ils sont armés contrairement aux règlements, et de leur donner des mousquets, la plupart des soldats d’infanterie étant à présent armés de fusils au lieu de mousquets suivant l’ancien usage, d’où il arrive de grands inconvénients et peut arriver des pertes notables… »

Une autre ordonnance, du 24 décembre de la même année, allait jusqu’à punir de mort les soldats qui ne se seraient pas conformés à cet ordre.

Cet excès de sévérité provenait d’une idée préconçue et d’ailleurs sans fondement ; le fusil étant plus léger que le mousquet, on s’imaginait qu’il devait avoir moins de portée et être moins redoutable dans ses effets que le mousquet. C’est le contraire qui était vrai.

On crut faire une grande concession au progrès, en autorisant l’emploi de quatre fusils par compagnie.

« S. M., est-il dit dans une ordonnance du 6 février 1670, prescrit à l’égard des fusils, qu’aucun soldat ne pourra désormais en être armé, pour quelque cause, occasion et sous quelque prétexte que ce puisse être, à la réserve de quatre soldats qui seront choisis par le capitaine, entre les plus adroits de la compagnie… »

En 1687, le nombre des soldats armés de fusils fut porté à six par compagnie.

Dans l’intervalle, des compagnies de fusiliers avaient été organisées pour le service des places fortes, et l’on avait créé un régiment de fusiliers du roi. L’usage du fusil s’était propagé en même temps dans les compagnies de canonniers, dans le régiment des fusiliers-bombardiers et dans les régiments de milices.

En 1692, chaque compagnie de fantassins possédait autant de fusils que de mousquets. Le nombre des piquiers, qui jusqu’alors avaient formé la force principale de notre infanterie, fut, à partir de ce moment, considérablement réduit.

Enfin, vers 1700, le fusil remplaça définitivement le mousquet, et la pique ne tarda pas à disparaître.

Le peu de confiance qu’inspirait le fusil dans les premiers temps de son apparition, avait suggéré à Vauban l’idée d’une arme à double fin, qu’il appelait mousquet-fusil. Elle était pourvue à la fois de l’ancienne platine à mèche et de la platine à silex. De cette façon, si la pierre à feu n’enflammait pas l’amorce, le soldat avait la ressource de la mèche pour y suppléer. Mais le mousquet-fusil fut rarement employé ; les perfectionnements du fusil le firent disparaître sans retour.

Ce qui activa le plus l’adoption du fusil dans les armées européennes, ce fut l’invention de la baïonnette. Le fusil muni de la baïonnette, constitua, tout de suite, un engin terrible, tout à la fois arme de jet et arme d’hast. Dès lors, chaque fantassin valut deux hommes : il fut en même temps piquier et fusilier.

On croit que le principe de la baïonnette